Un inconnu ; c'est tout ce qu'il est à ses yeux. Et surtout, Jason ne lui doit rien. Il ne veut même pas entendre parler de lui.

Jason a toujours pu compter sur Riley, peu importent les circonstances. Leur relation ne s'est jamais bornée à leur lien hiérarchique, sans doute parce que sous les tirs ennemis, d'autres liens se créent. Une forte confiance s'est instaurée entre eux avec les années, et pourtant, Jason s'est rarement confié auprès de Riley. Et après sa disparition, il a plutôt pris ses distances. Le soutien de Riley signifie beaucoup à ses yeux, mais il ne parvient plus à y faire face.

Gil s'est invité dans sa vie et ses secrets sans que Jason ne demande rien. Pourtant, il ne le lui reproche pas - il sait qu'il lui doit la vie. Gil l'a soigné alors qu'il était au plus bas, et l'a accueilli à bras ouverts à Londres. Il se montre parfois trop exubérant pour Jason, trop curieux aussi, mais leur passif rend les choses plus supportables. Face à certains fantômes, ils n'ont pas besoin de mots.

Elle s’appelait Amani Nazari. Une petite brune, des lunettes qui tombaient sur le bout de son nez, les yeux noisette qui pétillaient, un hijab bleuté qui retenait ses cheveux, un sac de courses entre les bras. Elle buvait son café avec deux sucres. Elle replaçait ses cheveux sous son hijab dès qu’elle était gênée. Elle prenait soin de son grand-père malade en parallèle de ses études. Elle aidait sa mère à la cordonnerie. Elle n’avait rien demandé à personne ; elle n’aurait même pas dû se retrouver là. Une erreur de calcul, un moment d’inattention. Ils n’avaient pas imaginé un seul instant qu'elle porte des écouteurs ; des putains d'écouteurs. Les camarades de Jason l’ont qualifiée de dommage collatéral ; une perte regrettée dans une guerre qui causait des milliers de morts.
Mais non ; elle s’appelait Amani Nazari, et Jason l’a tuée le jour où il a tiré pour sécuriser ce maudit checkpoint.

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