Depuis plusieurs siècles maintenant, l'existence des surnaturels a été révélée au grand public. Aujourd'hui, en Grande-Bretagne, ils cohabitent avec les humains dans la vie de tous les jours. Des lois et des organismes, ont été créés pour préserver cette paix parfois bousculée par quelques agitateurs. Les Loups-garous et les Vampires, vivant chacun dans leur communauté respective, s'avèrent moins effrayants que ce que l'on peut lire dans les légendes. Mais quelque chose se trame... Un secret tombé dans l'oubli est sur le point d'être découvert.
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Stayed Gone


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Elle sait.

Un SMS laconique de la part de Malavina, qui pourtant fait se figer Gil au-dessus de sa tasse de café. Un regard au calendrier fixé au frigo et il grimace ; leur mère n’aura mis qu’une journée pour apprendre le dernier désastre en date qu’il a provoqué. En même temps, si elle arrêtait de vouloir lui trouver une femme “digne des Campbell” selon ses critères, il ne serait jamais allé jusque-là.

Enfin, ce n’est pas comme s’il détestait mettre le kilt aux couleurs de sa famille, ou qu’il était sensible aux regards que les autres portent sur lui. Lui s’est bien amusé, mais il est probable que son date forcé n’ait pas apprécié l’idée et en ait fait part à sa très chère mère.

Parfois, Gil souhaite de lui dire que Papa ne l’aurait jamais épousée, s’il avait suivi ses stupides critères, mais il n’a pas spécialement envie d’être le dernier clou du cercueil du mariage de ses parents. Il ne sait même pas à quoi tient encore le mariage du côté de son père ; s’il s’écoutait, sa mère ne reste aux côtés de son père que pour son argent, alors même qu’il sait bien que c’est plus compliqué que cela.
Une vibration entre ses doigts et Gil retourne son attention à son téléphone, pour voir un autre message de sa sœur.

J’espère que t’as pas encore oublié de fermer ta porte, elle était furax

Toute couleur disparaît de son visage. Sa mère ne lui a plus fait le coup de débarquer chez lui sans prévenir depuis ses études, mais il ne doute pas une seule seconde qu’elle en soit encore capable. Son cerveau tourne à toute vitesse ; est-ce qu’il a fermé la porte derrière lui en rentrant ? Ou Jason ? Non, Jason était là avant lui, donc s’il a effectivement oublié, rien n’arrêtera sa mère. Et merde. Pourquoi sa tête doit-elle le trahir lorsqu’il aurait besoin qu’elle fonctionne correctement ? Est-ce qu’il a le temps de se préparer au pire, ou Ina l’a-t-elle prévenu trop tard ?

La porte d’entrée claque contre le mur, puis reclaquée contre le battant. Trop tard, en effet. Le dragon est là.

— Gilchrist Campbell ! Comment oses-tu me faire ainsi honte ?

Même le chihuahua du voisin ne fait pas autant de bruit ; Gil soupire et songe qu’il devra aller s’excuser auprès des autres habitants du quartier, vu comment porte la voix de sa mère. Et après, c’est lui qui fait honte à leur famille ? Sa mère manque définitivement plus d’éducation que lui, mais il ne compte pas en faire la remarque. Mieux vaut essayer de la calmer plutôt que d’envenimer la situation. Plus vite elle sera repartie, plus vite Gil pourra s’occuper de la migraine qui pointe.

Enfin, Jason est le premier à qui il devra ses excuses. Son collocataire n’est sans doute pas prêt à faire face au bulldozer qu’est sa mère ; Gil range son téléphone dans sa poche et se dépêche de rejoindre le salon, bientôt une zone de guerre. À coup sûr, entre deux critiques sur l’ameublement de son appart, son comportement irresponsable et son manque d’ambition, sa mère risque de s’attaquer à son coloc, dont elle découvrira tout juste l’existence.

Gil regrette presque d’avoir joué au con à son dernier rendez-vous lorsqu’il passe la porte du salon pour affronter son dragon de mère, hors d’elle, comme l’a prévenu Ina. Il déglutit, se préparant au pire, alors que sa mère remarque immédiatement son arrivée.

— Gilchrist, qui est cet homme et par tous les Saints, pose-moi ce poison ! Tu es médecin, tu devrais savoir ce qui est bon pour toi ! Ce n’est pas possible d’être aussi stupide !

Avant même que Gil ne puisse ouvrir la bouche, sa mère adresse un regard dédaigneux à Jason, avant de se diriger vers lui pour lui confisquer sa tasse, comme à un enfant capricieux. Ben voyons, fallait-il vraiment qu’elle étale son mépris devant son ami ? Pour une fois, Gil ne se sent pas particulièrement à l’aise face à sa mère, voire honteux. Clairement, si Dieu l’avait consulté, Gil aurait préféré que Jason rencontre d’abord sa soeur ou son père. Des crèmes, comparés à la mégère qui lui sert de génitrice, surtout alors qu’elle vient définitivement d’étiqueter Jason comme “parasite”, au vu de son regard.

Gil espère pour elle qu’elle aura l’intelligence de ne rien dire. Il peut supporter ses jérémiades à propos de ses bêtises intentionnelles ; si elle s’en prend à son ami, il ne sera pas aussi patient que d’habitude. Lentement, il reprend la tasse des mains de sa mère et la termine en la regardant droit dans les yeux.

Bonjour, Mère, je vais bien, merci de t’en inquiéter. D’ailleurs, je ne sais pas si tu as remarqué, mais il y a un bouton blanc à côté de la porte, c’est une sonnette, c’est pour avertir les habitants avant de rentrer chez eux. Je crois même que la bienséance dicte même d’attendre d’être invitée avant d’entrer, est-ce que je me trompe ?

Gil :1, Mère : 0. Ce n’est pas comme si elle pouvait le déshériter, après tout. Cependant, elle peut être infect à son ami, aussi lui adresse-t-il un regard désolé. Gil ne lui en voudra pas s’il fuit le champ de bataille ; il n’a pas à supporter sa mère parce que Gil est infoutu de penser à fermer la porte à clé.

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Ven 5 Avr 2024 - 20:35



Stayed Gone
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Affalé sur le canapé, Pazuzu lové sur son ventre sous le plaid, un livre ouvert mais délaissé dessus, Jason somnole plus qu’il n’essaie de lire. Il a passé toute la nuit éveillé à la chatterie de l’association, à veiller sur une boule de poils en piteux état. Il a récupéré la chatte un peu plus tôt dans la journée, après une capture compliquée pour la mettre en sécurité. Le vétérinaire de garde n’a pu la voir que tard dans la nuit, et Jason s’est assuré qu’elle ne manquait de rien jusqu’à la visite médicale. La chouchouter pour la rassurer l’a empêché de trop fulminer, comme à chaque fois. Encore un chat abandonné… Encore des crétins qui ont adopté un chaton sans se soucier un seul instant qu’un chaton, ça grandit, et qu’il nécessite de l’attention quotidienne.

Il est rentré exténué au petit matin et s’est rapidement effondré sur le canapé - sans même avoir la force - ou l’idée - de se traîner jusqu’à sa chambre. Dans un dernier effort, il a tiré le plaid sur lui, et son chat en a aussitôt profité pour venir s’installer contre lui - non sans lui avoir marché dessus plusieurs fois avant de trouver la position parfaite pour piquer un somme. Jason l’a imité tout aussi vite pour grappiller quelques heures de sommeil - juste de quoi recharger les batteries.

Les pas de Gil ont entrecoupé son repos à maintes reprises, si bien qu’il a fini par attraper son livre du moment pour s’occuper. Il aurait pu se lever pour rejoindre la chambre ou pour se faire un café, mais il n’a pas voulu déranger Pazuzu. La boule de poils rousse tape la meilleure sieste de sa vie sur son ventre.  

Mais toute réflexion faite, somnoler sur le canapé n’est certainement pas la meilleure idée du siècle, encore moins alors qu’il vit en colocation, et que son colocataire reçoit parfois de la visite impromptue. Ou plutôt la visite d’un dragon furibard qui agresse la porte d’entrée avant de rugir et de cracher son venin.

Lorsque la porte claque contre le mur, Jason se réveille en sursaut, avant de se redresser d’un bond. Pazuzu miaule, sort les griffes pour échapper à ce foutoir et détale dans le couloir. La main droite de Jason glisse à toute vitesse sous le coussin où il a posé son pistolet cette nuit, juste avant de s’effondrer sur le canapé. Seul le nom complet de Gil l’empêche de braquer l’arme sur l’intruse - une femme d’un certain âge, à la voix de crécerelle - ou peut-être que Jason a encore trop la tête dans le coaltar - et aux traits déformés par la colère.

Dans le creux de ses pensées, Jason remercie sa fatigue qui l’a poussé à rester habillé.

Lentement, et des plus discrètement, il attrape son pistolet et le glisse à sa ceinture dans son dos, dissimulé par sa chemise froissée. Il se lève ensuite du canapé, l’air de rien. Ses mains dépoussièrent son pantalon, un geste innocent pour vérifier la présence de son couteau suisse. Il n’imagine même pas l’allure débraillée qu’il doit présenter à cette femme - à la mère - de Gil.

— On vous a jamais appris que gueuler comme un putois était tout aussi mauvais pour la santé ? Mais avec une extinction de voix, au moins, vous fermerez votre gueule.

Pas aimable pour un sou, Jason gagne le comptoir de la cuisine pour se préparer un café. La fatigue l’irrite, sans parler de la colère qu’il n’a pas déchargé cette nuit - il aurait dû aller courir, s’il n’avait pas été aussi fatigué avant de rentrer -, et il apprécie encore moins l’attitude de cette femme. Elle joue peut-être dans un ton différent, mais elle lui rappelle sa mère, et la comparaison n’a rien de bienvenue, en particulier après une nuit compliquée.

Tandis que le café coule, il farfouille dans les placards.

— T’as fini les biscuits, Gil ?
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Ven 5 Avr 2024 - 23:45

Stayed Gone


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Gil rirait presque de l’air outré de sa mère alors que Jason lui donne explicitement son avis sur son comportement, mais le regard qu’elle porte sur son colocataire le retient. Il a rarement vu sa mère aussi méprisante ; est-ce parce que Jason a une apparence peu soignée - elle n’avait qu’à prévenir de sa visite - ou parce que la simple présence d’une personne qui n’est pas de leur cercle de connaissances au sein de l’appartement de son fils lui déplaît ?

Dans les deux cas, le médecin ne peut s’empêcher de grincer des dents. Toujours à juger les autres ; sa mère ne changera décidément jamais.

—  Je ne…

Gil ne lui laisse même pas le temps de développer. Il n’a clairement pas l’énergie de la supporter ; pourquoi doit-elle s’acharner alors qu’il lui a bien fait comprendre depuis le temps qu’il trouvait son “aide” déplacée ? Le jour où il se mettra en couple, ce sera avec la personne qu’il aura choisie, qu’il aimera assez pour envisager de vieillir avec, et pas avec une jeune femme de bonne famille qui cherche simplement à garder son train de vie.

Mère, tu débarques ici comme un ouragan, sans t’annoncer et sans respect pour ma vie privée. Je ne crois pas que tu puisses te permettre la moindre réflexion.

Un soupir. Il aurait aimé ne pas en arriver là ; garder des relations cordiales, quoique froides avec sa mère, lui évite de remplir les yeux de son père de tristesse. Vraiment, si ce n’était pas pour lui, Gil ne ferait même pas d’efforts.

En vérité, je ne sais même pas ce qui me retient d’appeler la police pour effraction. Crache ton venin, mais laisse Jason tranquille. Clair ?

C’est bien la première fois qu’il la menace de façon aussi directe. Sa mère écarquille les yeux, choquée, avant de soupirer et de passer l’éponge d’un geste agacé de la main dans l’air. Sans doute estime-t-elle qu’il n’en serait pas réellement capable ; le connaît-elle vraiment ? Ou a-t-il été trop tolérant jusqu’ici avec elle ? Il devrait demander à Malavina pourquoi Mère la laisse globalement tranquille sur le sujet, même s’il n’est pas certain d’apprécier la réponse.

Il est cependant distrait par la question de Jason. Les biscuits, hein ? Gil réfléchit quelques secondes, avant de passer une main gênée sur sa nuque. Il n’avait absolument pas la tête ailleurs en rangeant les courses, pas du tout.

Oui et non. Je les ai fini, mais j’en ai rachetés, ils doivent être… dans le frigo. À côté des oeufs.

Un claquement de langue désapprobateur de la part de sa mère. Évidemment. Elle n’a jamais su faire avec son caractère, toujours à le juger et à tenter de corriger ses défauts, quitte à employer la force dans le dos de son père. Il recule d’un pas, peut-être deux ; sa mère n’oserait rien lui faire devant quelqu’un d’autre, n’est-ce pas ?

Merde. Merde. C’est pour ça qu’il déteste avoir à faire à sa mère. Il a l’impression d’avoir à nouveau dix ans et de ne pouvoir rien dire pour ne pas détruire le mariage de ses parents, pour ne pas anéantir de chagrin son père.

— Étais-tu obligé d’humilier cette pauvre fille ?

Gil ne sait même pas s’il doit être soulagé qu’elle n’insiste pas sur son manque d’ordre ou désespéré parce qu’elle est incapable de lâcher l’affaire pour laquelle elle est venue.

Étais-tu obligée d’organiser un énième rencard dont je ne veux pas ? Et c’était le kilt familial, franchement, y’a pire !

— Enfin, Gilchrist, tu as presque 35 ans, tu dois penser à t’établir ! Regarde tes cousins, ils sont déjà tous mariés  alors qu’ils sont plus jeunes que toi, et Stuart a même deux enfants !

Stuart, tu veux dire celui qui trompe sa femme dès qu’il en a l’occasion et dont je doute de la paternité de ses gosses ? Vraiment, quel magnifique exemple de mariage réussi !

Le sarcasme lui échappe sans le vouloir, mais il n’apprécie pas vraiment ses cousins et Stuart, encore moins, surtout avec son air arrogant de Monsieur-j’ai-mieux-réussi-que-tout-le-monde alors qu’il n’est pas foutu de garder sa queue dans son pantalon. Être comparé à eux lui donne la nausée ; ou est-ce le café de ce matin parce qu’il n’a mangé que des biscuits ?

Le regard de sa mère s’adoucit et Gil se tend. Cela n’annonce généralement rien de bon lorsque sa mère essaye d’être gentille. Elle compte le prendre par les sentiments ou le faire culpabiliser sans aucune raison valable et il la déteste encore plus dans ces cas-là. Rationnellement, il sait qu’elle le manipule, mais ses crétins de coeur et de cerveau se laissent avoir comme des gamins.

Elle abuse de son caractère quand ça lui chante et le critique le reste du temps. Bordel.

— Est-ce que tu pourrais au moins leur laisser une chance ? Je ne veux pas que tu finisses seul.

Un ton plus doux, presque aimant ; un mensonge auquel Gil a cessé de croire il y a longtemps. Son regard cherche quelque chose auquel se raccrocher, un élément qui le replace dans le présent et non dans des fantômes passés. Ses yeux tombent sur Jason ; le médecin expire doucement, essayant de reprendre son calme.

Je ne suis pas seul. Être en colloc me va bien.

— En colloc avec… Cet homme ? Je suis certaine qu’il n’est avec toi que pour ton argent et…

La réflexion de trop. D’habitude, Gil endure en silence parce que sa mère ne dit rien qu’il n’a pas déjà entendu. Mais elle n’a pas à s’en prendre à Jason. Pas alors qu’il remplit de vie un appartement qui aurait été trop silencieux et froid sinon. Pas alors qu’il l’aide à garder contact avec une réalité qu’il a tendance à perdre.

Sors de chez moi. Je t’avais prévenue.

Sa mère roule des yeux, comme si elle ne le croyait pas, comme si ses mots avaient aussi peu de poids qu’une plume. Bon sang, est-elle à ce point persuadée qu’il ne fera rien ? Mais en même temps, comment pourrait-il lui donner tort ? Il n’a fait que fuir la maison depuis le jour où il a eu son diplôme entre ses mains. Jamais il ne lui a tenu tête.

— On continuera cette discussion un autre jour.

Cette discussion est terminée. La prochaine fois que tu remets les pieds ici, j’appelle les flics.

— Tu ne le feras pas. Ça tuerait ton père.

La salope.

Dégage !

Ses mains tremblent ; la tasse de café lui échappe des mains pour s’écraser au sol. Si sa mère reste une seconde de plus, Gil ne répond plus rien.

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Sam 6 Avr 2024 - 13:40



Stayed Gone
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Affairé à chercher les biscuits pour accompagner son café et faire taire son estomac qui gargouille - depuis quand n’a-t-il pas mangé ? Il était trop occupé à veiller sur la chatte -, Jason ne prête qu’une oreille distraite à la discussion qui se déroule dans le salon. Cette histoire ne le regarde pas. Le putois gueulant n’est pas sa mère, n’a aucun lien avec lui, et n’en aura pas. Il a déjà ses propres emmerdes à régler, ses propres choix à affronter, et Jason n’a rien du bon samaritain qui s’implique pour aider les autres. Sa bienveillance s’arrête aux chats qu’il recueille pour l’association, qui n’ont pas eu la chance de croiser des humains respectueux envers leur vie.

Un léger rire lui échappe tandis qu’il roule des yeux. Les biscuits, dans le frigo ? Il ne sait pas pourquoi il s’en étonne. Il vit avec Gil depuis plus d’un an désormais, et il a pris le pli de ses habitudes parfois étranges, de son côté tête en l’air qui le pousse à ranger n’importe quoi n’importe où, parce qu’une autre donnée l’a distrait. D’autres s’agaceraient sans doute de vivre avec une personne aussi inattentive, mais pour Jason, il y a quelque chose de rafraîchissant dans cette attitude. Une bouffée d’air frais dans le quotidien monotone, une petite note de nouveauté qui survient à l’improviste et qui le pousse souvent à sourire.

Sans attention supplémentaire aux échanges mouvementés mère-fils, Jason ouvre le frigo, récupère le paquet neuf de biscuits et referme la porte du réfrigérateur. Il attrape deux gâteaux, qu’il dépose sur le comptoir, et range le paquet à sa place habituelle - dans le placard. La machine à café s’arrête au même moment, et il prend la tasse chaude. L’amertume du café lui agresse les narines mais il ne cille pas.

De sa poche, il sort un étui métallique qui contient ses cigarettes déjà roulées ainsi qu’un briquet. Depuis qu’il s’est installé avec Gil, ils ont discuté de leurs limites, de leurs frontières à ne pas franchir, de tout ce qu’ils acceptent et refusent. Par chance, le médecin ne lui reproche pas son habitude de fumer, pas plus qu’il ne l’empêche d’allumer sa clope à l’intérieur de l’appartement. Jason aurait pu se contenter de fumer sur le balcon, à contempler les rues londoniennes comme il le faisait quand il squattait chez Riley aux États-Unis, mais le sentiment n’est pas le même. Sans un regard pour l’intruse, il allume sa cigarette et tire une première bouffée.

A côté, le putois n’en finit pas de brailler. Elle attaque, réplique et se braque face à la répartie de son fils. Pire qu’un molosse, elle ne lâche pas prise, et les doigts de Jason se crispent autour de sa cigarette comme autour de sa tasse. La ressemblance le frappe de plein fouet, dans tout ce qu’elle a de désagréable et de nauséabond. La colère de la confrontation. La comparaison lourde de reproches. Puis le ton doucereux pour panser les plaies - pour manipuler le sens de la conversation et faire baisser sa garde. La fausse sollicitude. Les images se superposent.

— En coloc avec… Cet homme ? Je suis certaine qu’il n’est avec toi que pour ton argent et…

Cette seule phrase soulève son estomac pourtant vide. Son esprit comble les blancs, refait jaillir des scènes d’un passé lointain qu’il pensait pourtant avoir enterré. Bordel. Sa main claque contre le comptoir. Il abandonne sa clope dans le cendrier, délaisse café et biscuits pour se tourner vers cette mégère qui proclame être “mère”. Elle ne mérite pas ce titre.

D’un pas lent mais déterminé, Jason se place entre elle et Gil. Pieds nus, il prend soin d’éviter les morceaux de céramique brisés de la tasse. Sa main disparaît dans sa poche pour attraper son téléphone. Il le déverrouille puis compose le numéro de la police londonienne.

— Dégagez avant que j’appelle les flics. J’aurai aucun remord à le faire.

Il avance d’un pas vers la femme, puis d’un autre. Il la pousse à reculer, à prendre la fuite plutôt de rester là. Jason n’est peut-être pas bien grand, ni très large comparé à d’autres, mais ses années au sein de l’armée façonnent encore son physique. Et avec sa chemise débraillée, difficile de passer à côté des muscles ou de sa dégaine droite et sûre de ses appuis. Il n’hésite pas. Il ne peut pas se permettre d’hésiter en situation de crise.

A force de reculer, la femme met les pieds dehors et Jason lui claque la porte au nez. Aussitôt, les clefs glissent dans la serrure pour verrouiller le battant et empêcher toute nouvelle intrusion. Seulement alors, il range son téléphone, puis cherche serpillière et balayette pour nettoyer la tasse brisée et le café renversé.

— Tu devrais t’asseoir.  D’un signe de tête, il désigne le canapé tandis qu’il ramasse les morceaux. Tu veux un autre café ?

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Gil se fige lorsque Jason se place entre sa mère et lui. Son premier réflexe est de tendre la main pour l’agripper par le col et le ramener derrière lui, pour le protéger de sa mère ; ses doigts se referment sur du vide alors que son colocataire repousse sans aucune pitié sa mère dehors. Il reste là, suspendu à sa propre terreur, alors que la porte claque à nouveau.

Le dragon est chassé, mais ses flammes ont réduit en cendres tous les efforts que Gil a fait jusque-là pour  supporter sa mère. Elle a insulté Jason, elle a appuyé sur une blessure que Gil sait encore ouverte ; sa colère et sa honte se mêlent dans sa gorge en un cocktail amer. Elle n’a pas le droit de s’en prendre à son ami. Elle n’a pas le droit de détruire la seule relation qu’il a réussi à tenir sur plusieurs mois depuis qu’il a terminé ses études.

Elle n’a pas le droit de lui voler le peu de lumière qu’il y a dans son appartement et qui lui permet de garder les pieds sur terre.

Jason revient finalement dans le salon, serpillère et balayette en main pour réparer les dégâts causés par la tasse de café brisée ; Gil reprend ses esprits à la question de son ami et il l’ignore pour le saisir par les coudes et l’obliger à lui faire face.

Tu n’as rien ? Tu ne t’es pas blessé ? Elle ne t’a pas blessé ?

Un regard de haut en bas, et derrière Jason pour vérifier qu’il ne s’est pas coupé le pied sur les tessons, avant de se saisir de force de la balayette. Son colocataire ne devrait pas être aussi gentil. Il devrait être en colère après lui pour avoir laissé une opportunité à sa mère d’entrer, pour ne pas avoir été plus précautionneux, pour être aussi faible et incapable de se dresser contre sa mère comme il se dresse contre le reste du monde.

Il se fiche de l’avis des autres, mais sa mère sait toujours où frapper pour le briser et le forcer à recoller les pièces après son passage.

Je suis désolé, pardon, ma sœur n’a pas pu me prévenir plus en avance, j’aurais dû penser à fermer la porte, je ne sais pas pourquoi je n’y ai pas pensé, laisse les morceaux, je vais m’en occuper, je suis responsable, je ramasse.

Le médecin se baisse aussitôt pour ramasser les tessons, les poussant dans la pelle en retenant ses larmes. Il ne sait même pas si c’est de honte ou de colère, ou si sa mère a réussi à briser quelque chose que Gil avait réussi à protéger jusque-là.

Tu sais que je ne pense pas une seule seconde ce qu’elle a dit ? Je…

Gil n’ose pas relever la tête pour affronter le regard de Jason. Il n’a pas envie de voir de la colère ou du mépris dans les yeux de son colocataire. C’est la première fois que sa mère s’emporte devant quelqu’un d’autre que lui. Même Malavina n’y a jamais eu affaire, sans doute parce que leur mère sait que jamais sa sœur ne tolérerait un tel comportement et lui dirait ses quatre vérités, peu importe les conséquences.

Mais il est le grand-frère. C’est à lui de s’assurer que leur famille reste unie malgré tout. Leur père aime tendrement leur mère ; elle a raison sur un point : cela le tuerait d’apprendre ce qui se passe réellement dans son dos.

Merci d’être venu habiter avec moi.

Pourvu que Jason lui pardonne sa stupidité.

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Dim 7 Avr 2024 - 14:27



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Jason n’a pas le temps de nettoyer les débris que Gil l’attrape par le coude pour le forcer à se redresser. Le soupir dans la gorge, il ne résiste pas - quand le médecin a une idée en tête, difficile de l’en déloger. Leurs regards se croisent un instant, et Jason finit par regarder le plafond un bref instant, une main frottant sa nuque.

— Ça va. Je vais bien.

Les mots ne sont qu’à moitié vrais pourtant, mais Jason ne compte pas s’attarder sur les nœuds de son estomac, sur la traîtrise de son esprit qui a décidé de combler les blancs de la pire des manières. Gil n’a pas besoin de savoir ; il a déjà assez à gérer avec sa famille, de toute évidence, sans avoir à gérer en prime les fantômes de son colocataire. La fatigue a induit ce moment de faiblesse, rien de plus. D’ici peu, il enterrera à nouveau ces souvenirs déplaisants sous les couches de l’oubli et n’y prêtera plus attention.

— J’ai passé l’âge d’être blessé par les paroles d’une vieille mégère.

Dépossédé de la balayette comme de la serpillière, Jason hausse les épaules et retourne au comptoir de la cuisine. Il récupère sa clope, tire une longue bouffée pour chasser les cris qui résonnent dans sa tête, et boit quelques gorgées de son café encore chaud. Les fantômes ne le lâchent pas pour autant et assombrissent son regard braqué sur le cendrier. S’il ferme les yeux, le visage de cette femme apparaît, les traits fermés et glaciaux, les lèvres qui bougent pour lui jeter des horreurs. Pour lui claquer la porte au nez.

Un soupir lui échappe. Ce n’est pas d’un café dont il a besoin, ou même d’une cigarette, mais de quelque chose de beaucoup plus fort. De quoi chasser les démons pour de bon. Mais il se retient. Inutile d’alerter Gil s’il sort une bouteille - et se connaissant, ce ne sera pas qu’une bière.

Il reprend une bouffée sur sa clope pour faire taire l’envie qui le démange. Du coin de l’œil, il observe Gil qui ramasse les tessons et qui se confond en excuses. Une seule femme et quelques minutes à peine de conversation ont ruiné toute sa confiance habituelle. Jason s’étonne même de ne pas voir ses mains trembler alors que ses yeux s’humidifient. Pourtant, face à la détresse évidente de son colocataire, Jason ne s’approche pas. Ne lui offre aucun réconfort, si ce n’est de l’espace et du temps. A sa place, il n’aimerait pas avoir quelqu’un qui lui colle aux basques avec des mots doux. Il a toujours détesté Riley et cette attitude qu’il a souvent.

Mais à défaut d’entamer un mouvement de rapprochement, Jason ne laisse pas s’installer le silence. Il n’est pas question de permettre à un quiproquo de naître et de grandir.

— Je sais.

Il termine son café, qui lui brûle la gorge mais il ne rechigne pas. Cette fois, il se tourne vers Gil, toujours égal à lui-même ; la fatigue sur le visage après sa courte nuit, et la neutralité dans le regard.

— C’est plutôt moi qui devrais te remercier. Tu me laisses crécher ici alors que je paie pas grand chose.

Jason paie bien un semblant de loyer, parce qu’il refuse d’être dépendant de son colocataire, mais Gil ne lui a jamais fourni de montant exact. Alors il lui donne ce qu’il peut, à la hauteur de ses moyens, mais Jason sait bien qu’il ne paie pas la valeur réelle d’une chambre dans cet appartement, même en colocation.

Et surtout, Gil n’a pas idée d’à quel point lui offrir ce pied-à-terre a sauvé Jason.
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Dim 7 Avr 2024 - 17:29

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Jason est différent de Malavina, dans sa façon de gérer la situation post-dragon, et Gil découvre qu’il ne déteste pas ça, bien au contraire. Il a le temps de se ressaisir alors qu’il nettoie le salon et de remettre de l’ordre dans ses pensées, sans devoir afficher un sourire de façade pour sa sœur et la rassurer. Il passe la manche de sa chemise sur ses yeux, avant de soupirer un bon coup en jetant les débris de la tasse dans la poubelle.

Heureusement que ce n’était pas sa préférée. Il aurait eu encore plus mal au cœur qu’actuellement.

Il range pelle et serpillère alors que Jason tente visiblement de le réconforter, à sa façon. Il ne laisse pas entendre qu’il est en colère contre lui, alors Gil le rejoint dans la cuisine, plus mal à l’aise qu’il ne le montre. Il n’est pas certain que Jason ne lui en veut pas pour cet incident et il ne sait pas vraiment comment agir, surtout alors qu’il a manqué de s’effondrer en morceaux au milieu du salon.

Si ce n’était pas pour ton ego, je te ferai payer encore moins, ta présence me suffit. Je ne sais pas me supporter tout seul.

Il se dirige vers la machine à café, se servant un nouveau café alors que son cerveau retourne autant les paroles de Jason que les siennes dans tous les sens. Est-ce qu’il s’est montré méprisant sans le vouloir ? Est-ce qu’il a fait sentir à son ami qu’il lui devait quoi que ce soit ? Gil a bien vite compris que Jason n’aimerait pas qu’il paye absolument tout, même si cela ne le dérange pas, et il l’a laissé payer certaines courses, ou un loyer bien plus réduit que ce qu’il devrait normalement commander.

Mais c’est bien peu de choses contre la certitude de ne pas se sentir seul, pour se sentir en sécurité, pour avoir quelqu’un à qui parler pour éloigner les fantômes de ses missions passées. Il est facile de parler des belles expériences de médecine humanitaire ; il est plus rare de témoigner de la force qu’il faut pour assister la misère humaine, provoquée par les hommes, sans perdre foi en l’humanité.

Gil n’est pas le seul à avoir encore recours à un soutien psychologique. Il n’est pas certain qu’il aurait réussi à s’établir à Londres, sinon.

Finalement, il ose redresser la tête pour affronter Jason ; la fatigue sur son visage le frappe immédiatement et il oublie dans la foulée que son ami pourrait être en colère contre lui. Son inquiétude pour Jason prend le pas sur tout le reste alors qu’il plisse les yeux.

T’as une sale tronche. Nuit difficile à l’asso ?

Cela expliquerait pourquoi Jason était sur le canapé ce matin. Vraiment, le dragon ne leur a pas fait de cadeaux en débarquant comme une furie alors qu’ils ont tous les deux passés une majeure partie de la nuit dehors. Pourquoi ne peut-elle pas simplement accepter que son fils ne rentre pas dans le moule qu’elle a imaginé pour lui et passer à autre chose ? Cela fait presque 30 ans qu’il se rebelle contre ses ordres et méthodes ; cela ne lui est-il jamais venu à l’esprit, pendant tout ce temps ?

Un soupir lui échappe, chassant le nuage de vapeur au-dessus de son café. Il n’est clairement pas en état pour réfléchir à propos de sa mère. Il pose sa tasse sur la table, avant de s’accroupir pour extirper du fond d’un placard une bouteille d’alcool qu’il ne sort que rarement. D’ailleurs, il n’est même pas certain d’avoir déjà bu en présence de Jason, mais il y a une première fois à tout. Il se redresse et en met une rasade dans son café, sachant d’avance qu’il sera invivable ; il a cependant besoin de ne plus réfléchir. Ce sera plus simple.

Whisky écossais 18 ans d’âge. Un cadeau de mon père quand je suis devenu majeur. À l’époque, je buvais beaucoup plus. J’ai arrêté en partant de la maison. Tu en veux ?

Il pose la bouteille sur la table et la pousse vers Jason, lui laissant l’occasion de se servir s’il le souhaite. Ils ne devraient pas boire alors qu’il n’est même pas midi, mais la situation est exceptionnelle. Au moins, Gil a quelqu’un sur qui rejeter la faute. C’est rarement une autre personne que sa mère, maintenant qu’il y réfléchit. Merde.

Gil doit vraiment régler le problème à la racine.

Ça ne se reproduira plus.

Peut-être sa mère a-t-elle raison. Peut-être devrait-il laisser une chance à l’une de ces femmes, pour qu’elle lui foute la paix pendant quelques mois. Il pourra mentir, ensuite, dire que ça n’a finalement pas marché, et recommencer autant de fois que possibles avant qu’elle ne soit à nouveau suspicieuse. Il pourra la leurrer pendant un an, peut-être deux. D’ici, son père… Son père sera soit mort du cancer soit en rémission. Dans le premier cas, sa mère n’aura plus de quoi faire pression sur lui, et dans le second, il a plusieurs mois pour trouver comment se protéger de sa mère une bonne fois pour toute.

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Gil a été la lumière au bout du tunnel dans sa vie à deux reprises. D’abord en Afghanistan, quand le médecin l’a rafistolé sur le terrain et l’a arraché à une mort certaine ; puis à Londres, lorsque Jason a mis les pieds en Grande-Bretagne pour la première fois dans l’optique de le retrouver. A l’époque, il n’attendait pas grand chose de ces retrouvailles, mais côtoyer Gil a été cette bouffée d’air frais qui a chassé les nuages noirs qui occupaient son esprit. Tout est loin d’être parfait, Jason en a conscience, mais à ses yeux, c’est toujours mieux que de se laisser dépérir sur le canapé miteux de son appart, avec un Riley inquiet qui le couvait autant qu’il essayait de lui secouer les puces.

Mais au fond, peut-être que Gil ne s’en rend pas compte. En même temps, Jason ne lui en a jamais rien dit, et même si la pensée lui traverse l’esprit à cet instant, il ne compte pas le faire. Ce n’est pas dans ses habitudes, et il n’entend pas tordre l’habitude de se murer dans le silence et de ne rien dire. Il ne tient pas à mettre le doigt dans l’engrenage, celui qui le poussera à en dévoiler davantage, plus qu’il ne le veut bien. Le statu quo lui convient parfaitement. Inutile de troubler leur tranquillité pour quelques confidences - cette mégère suffit très bien.

— Mon ego va très bien, merci.

Jason souffle, d’autant plus avec sa tasse vide. Il tire sur sa clope pour compenser, relâche la fumée en un nuage blanchâtre, puis abandonne toute résistance pour se faire couler un nouveau café. S’il mise sur la caféine, peut-être que l’envie de davantage cessera de le démanger. Ou peut-être qu’il finira par mettre ses chaussures et par enfiler un manteau pour partir en quête d’un remontant plus fort. Quand on sait où chercher, ce n’est pas ce qui manque - et il préfère ne pas entraîner Gil à sa suite, en particulier alors qu’il se sent prêt à céder à ses vieux démons.

Il réprime un juron entre ses dents, profitant d’avoir le dos tourné à son coloc pour se permettre cet instant de faiblesse. La colocation l’aide à ne pas couler au quotidien - la présence de Gil, plutôt ; il n’aurait jamais supporté vivre avec Riley en dehors du front de guerre - mais il prend toujours soin de rester maître de lui-même, de ses émotions. Gil a déjà assez à faire ; il n’a pas à se soucier de lui. Jason n’en a pas envie non plus, car il connaît d’avance les remarques qui surgiront tôt ou tard.

Et il n’a pas la moindre envie de s’entendre conseiller d’aller voir un psy.

— Ouais. Un sauvetage dans la journée. La minette était mal en point, je suis resté avec elle jusqu’à l’arrivée du véto de garde. J’y ai passé la nuit, mais elle va bien.

Peut-être qu’il repassera la voir. S’occuper d’elle l’aidera à se changer les idées, ce qui ne sera pas un mal - en particulier si chouchouter cette chatte lui permet de ne pas succomber à cette démangeaison qui l’habitude.

Ou alors, Gil l’enfonce de lui-même alors qu’il sort du placard une bouteille de whisky, l’air de rien. Jason lui jette un regard circonspect mais ne fait aucune remarque. Il n’a pas à juger, encore moins alors qu’il songe depuis plusieurs minutes à se dénicher un meilleur remontant qu’une clope et un café.

— Si tu proposes.

Il attrape un verre propre et se sert le whisky. Il ne le mélange pas à son café ; il préfère le boire pur, sentir la brûlure de l’alcool le long de sa gorge.

— T’inquiète pas pour moi, j’te dis. J’ai connu pire qu’une vieille furibard qui tente d’imposer sa vision des choses. Au moins celle-là te menaçait pas avec des briques parce que t’as mis les pieds dans son village.

Un léger rire le secoue face au souvenir tandis qu’il s’accoude au comptoir, la clope entre les doigts. Il ne sait pas ce qu’est devenu cette vieille ; il ne l’a jamais revue. Il en a longtemps ri avec Riley une fois la tension redescendue. Elle l’avait pris pour cible, et paraissait bien déterminée à lui jeter ces briques s’il approchait d’un pas de plus. Ils avaient dû contourner le village, mais rien de bien grave dans le fond. Un souvenir comme un autre d’une époque révolue, et Jason se retient de fondre sur son whisky. Ne pas boire sur une impulsion, d’abord finir son deuxième café. Il tire plutôt sur la cigarette.

— T’as jamais pensé à déménager ? Trouver un autre appart dont elle connaîtra pas l’existence ?
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Gil est celui qui a offert à Jason le whiskey, mais il ne peut s’empêcher de sentir un malaise serrer son cœur en le voyant vider son verre d’une traite. Il a l’impression de se revoir lorsqu’il avait dix-sept ans et l’impression qu’il n’échapperait jamais à sa mère ; ce n’est pas un souvenir qu’il apprécie particulièrement et il craint que la visite de sa mère ait provoqué plus de dégâts qu’estimés.

Un ricanement lui échappe alors qu’il imagine Jason se faire menacer par une petite vieille avec des briques ; il voit parfaitement la scène. Il n’ose cependant pas poser plus de questions, de peur d’être trop curieux. Il sait bien que son ami a l’habitude, désormais, mais ce n’est pas pour autant que Gil ne peut pas faire d’efforts.

Il se noie dans son café alcoolisé lorsque Jason lui demande pourquoi il n’a pas déménagé là où sa mère ne le retrouverait pas. Ne se doute-t-il pas, depuis le temps, que la famille de Gil est fortunée ? Trouver un endroit où elle ne pourrait pas lui remettre la main dessus, quelque soit le prix à payer, n’est pas impossible ; Gil aurait simplement à couper les ponts et disparaître. Simplement.

Gil ne peut s’imaginer abandonner Malavina à son sort. Il est son grand frère, c’est à lui de la protéger.

J’y ai pensé. Mais ça aurait été abandonner ma sœur. Si je veux que Mère me laisse en paix, je peux pas lui laisser le moindre moyen de me retrouver, et donc couper tout lien avec Ina. J’en suis incapable. Et puis, je ne sais pas ce qui lui arriverait si je n’étais plus là. À choisir, je préfère encore que ça soit moi que Mère ait dans le viseur. J’ai l’habitude. Les missions de médecine humanitaire, c’était pour lui échapper sans disparaître. Pour qu’elle ne se tourne pas vers Ina.

C’est la première fois que Gil parle autant à ce sujet. Son psy a bien tenté parfois de l’amener sur le terrain familial, mais il a toujours refusé d’en discuter. Peut-être est-ce parce que Gil a confiance en Jason et qu’il est un ami - et Dieu qu’il peut compter sur les doigts d’une main les gens qu’il considère comme des amis - ou peut-être parce qu’il ne peut de tout façon pas mentir, vu que Jason a assisté à la dispute, mais cela lui semble plus facile, aujourd’hui.

Ou peut-être Gil est-il simplement fatigué de lutter contre le dragon et dépose les armes.

Le médecin reprend une gorgée de son café et décide de se laisser glisser au sol - il n’a pas confiance dans les chaises, c’est traître, ça vous laisse tomber sur le côté si vous n’avez pas l’esprit assez clair pour rester droit. Un soupir lui échappe et il ferme brièvement les yeux ; il est épuisé. Il n’a même pas l’assurance de bien dormir, entre l’alcool et les cauchemars auxquels il n’échappera certainement pas.

Lorsqu’il rouvre les yeux, il les pose sur Jason. Son ami a beau lui dire de ne pas s’inquiéter, c’est justement parce qu’il lui a dit que le médecin n’est pas spécialement serein sur son état.

… Est-ce que tu es sûr que ça va ?

Gil n’est pas particulièrement idiot, et pas toujours aveugle. Il y a quelque chose qui cloche avec Jason et il n’arrive pas à mettre le doigt dessus. Ce n’est pas juste de la fatigue, il a déjà vu Jason fatigué, et ce n’est pas ça, pas totalement. Pourvu que ça soit quelque chose que son ami veut bien partager. Pourvu que Gil n’ait pas une raison supplémentaire de détester sa mère.

Je ne te demande pas de te confier. Je sais à quel point ça peut être compliqué, parfois. Même Ina ne sait pas tout à propos de ce qui se passe avec Mère. Juste…

Gil se noie dans son café, à la recherche d’une bonne formulation qu’il ne trouve pas. Il a peur de faire le pas de trop, celui qui poussera Jason dehors, et l’appréhension lui serre le cœur. Peut-être ferait-il mieux de fermer sa grande gueule, avant de ne pas apprécier les conséquences ?

T’as le droit de lâcher prise à la maison. Je serais là pour te tenir la tête hors de l’eau. Pas de jugement. Juste nous et la bouteille qu’on mérite. C’est à propos de la chatte ? Tu es inquiet ?

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Face au verre de whisky qui trône sur le comptoir, la résistance de Jason faiblit bien vite. Lutter ne le mène à rien. Sa main ne tarde pas à attraper le verre pour le porter à ses lèvres, et les gorgées se boivent comme du petit lait. L’alcool lui brûle la gorge, mais il ne s’en soucie guère. Au contraire, la sensation lui plaît, le force à se concentrer sur des choses simples plutôt que le capharnaüm qui règne dans sa tête comme dans son cœur. Puis, la clope coincée au bec, il débouche la bouteille pour se resservir. Un mal nécessaire, a-t-il envie de dire. Mieux vaut boire dans l’appartement, avec un médecin à côté, plutôt que de se noyer dans un bar miteux avec personne de confiance autour, ou pire, de finir dans un squat à fumer la première chose qu’on lui propose.

Gil ne l’a jamais vu dans son pire état, et Jason tient à ce que cela reste ainsi. Riley a déjà eu ce “privilège”, et il refuse de revivre les conséquences qui ont suivi.

De toute façon, Jason aime à penser que cette période sombre de sa vie est derrière lui. Il n’a pas rechuté depuis qu’il s’est installé pour de bon à Londres, dans cet appartement hors de prix pour ses moyens et qu’il a même essayé de quitter par fierté mal placée. La présence de Gil dans sa vie l’apaise plus qu’il ne veut bien l’admettre - et de toute évidence, Riley l’avait deviné, d’une façon ou d’une autre.  

Face aux explications de son colocataire, Jason se contente d’hocher la tête. Toute cette histoire ne le regarde pas au fond, et il ne compte pas s’interposer avec les décisions de Gil. Il n’a pas assez de recul pour juger ses choix, pour savoir s’il n’existe pas une autre solution plus viable. Il a toujours détesté quand Riley essayait de s’immiscer dans sa vie, en dépit de toute la confiance qu’il porte envers son supérieur - ancien supérieur -, alors il ne reproduit pas ce schéma détestable. Si Gil souhaite son avis, il le lui demandera comme un grand ; autrement, Jason jouera les témoins silencieux.

Alors il ne renchérit pas, tire plutôt sur sa clope qui se consume trop vite à son goût. Au pire, il en rallumera une.

Pourtant, une simple question lui échappe. C’est plus fort que lui.

— T’as demandé à ta sœur ce qu’elle en pense ?

Les mots de Riley cognent dans sa tête. Ceux d’Austin aussi. Il pense à Nick, qui n’a jamais réussi à passer outre cette affaire du checkpoint. Il a agi sans demander aux autres, et ça l’a tué - et le pire, c’est que Jason ne peut même pas le blâmer. Il soupire. Sa main plonge vers le verre de whisky, boit une gorge - une seule cette fois, pas le verre entier. Il reste debout, accoudé au comptoir, tandis que Gil a glissé sur le sol. Au moins, leurs regards ne se croisent pas.

Une position qui lui convient d’autant plus que Gil s’aventure sur un terrain glissant. Il n’a pas la même insistance dans la voix que Riley, mais Jason n’est pas à son aise malgré tout. Une pointe d’agacement l’échauffe, mais il la contient derrière sa cigarette. Gil ne fait rien de mal. Il se soucie seulement de son colocataire après l’intervention de cette mégère qui lui sert de figure maternelle. Rien de plus. Et pourtant, Jason n’apprécie pas cette sollicitude. Il a dit qu’il se porte bien, et il n’entend pas revenir sur ses propos. Il a l’habitude de gérer le bordel ambiant de ses pensées. Gil n’a pas à s’en soucier alors qu’il a déjà trop de choses sur le cœur.

— Ça va. Je vais bien. Alors il se répète, toujours en deux temps. Fatigué, si tu veux chipoter.

Et les deux cafés n’y changent rien pour l’instant. Il bâille, comme pour donner corps à ses propos, puis écrase sa cigarette consumée dans le cendrier. Il boit une autre gorgée du whisky. Il ne ressent déjà plus la brûlure de l’alcool.

— La chatte va bien. Le véto a fait du bon boulot, pas de complications. Elle a seulement besoin de repos.
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Gil évite la question de Jason en silence, avec l’aisance de l’habitude ; il préfère écouter son compte-rendu de l’état de la chatte qu’il a aidé cette nuit. Sa tasse tourne entre ses doigts, alors que son pressentiment ne disparaît pas, malgré toutes les allégations de son ami. Il enterre à coups de pelle ses doutes, préférant plaisanter pour dissiper un peu l’atmosphère lourde.

Comme nous tous ! Je crois qu’on mériterait quelques heures de sommeil supplémentaires.

Mais son pressentiment ne disparaît pas pour autant ; est-ce que son état fausse ses perceptions, ou Jason lui ment-il ? Dans un cas comme dans l’autre, Gil ferait mieux de se taire et de changer de sujet, vite, très vite, comme s’il ne s’était pas inquiété pour son ami.

La question de Jason lui revient en tête ; ses pensées tournent en rond, tel un carrousel endiablé, et la migraine à ses tempes se fait de plus en plus douloureuse. Gil les masse, pesant le pour et le contre, avant d’estimer que cela serait suffisant en diversion. Surtout qu’au fond, il pense connaître déjà connaître la réaction de sa sœur et elle n’est pas de celles qu’il peut accepter.

Si Ina savait ne serait-ce que la moitié de ce que je lui ai caché, elle irait tuer Mère, probablement. J’ai pas envie de la visiter en prison.

Sa petite sœur n’apprécierait certainement pas les agissements de leur mère, encore moins le fait qu’il se soit tu pour la protéger. Elle n’aurait que faire des conséquences ; elle agit avant de penser, bien souvent, et il est probable que cette histoire se finisse mal s’il laisse Ina mettre le nez dedans. Mieux vaut qu’elle voit uniquement la partie immergée de l’iceberg.

Gil espère qu’Ina ne découvrira jamais le pot-aux-roses, ou il aura certainement aussi des comptes à rendre. Souffrir pour son bien-être ? Voilà bien quelque chose qu’elle détestera ; il ne veut pas que sa sœur le haïsse pour avoir voulu la tenir à l’écart de ses problèmes. C’est entre sa mère et lui ; si elle s’en était aussi prise à Ina, ce n’aurait pas été la même chose.

Mais trouver une solution pour mettre fin à ce harcèlement de la part de sa mère devient réellement de plus en plus urgent, et après réflexion, essayer de jouer le jeu ne serait pas honnête pour la fille qu’il fréquenterait. Puis, faudrait-il encore que quelqu’un veuille de lui. Même lorsqu’il fait des efforts, il n’a jamais été quelqu’un de facile à vivre.

Gil se relève pour remettre du whisky dans sa tasse désormais vide de café. Il ne devrait pas en reprendre. Il risque de faire fuir Jason. Mais la pensée passe aussi vite qu’elle est venue ; cela fait quand même un moment que son ami le connaît, il est peu probable qu’il prenne la fuite juste parce que Gil a bu.

Le médecin s’affale ainsi de toute sa longueur sur la table ; la flemme de retourner s’asseoir si c’est pour se relever ensuite. Il joue à moitié avec le bouchon de la bouteille, sa tasse dans l’autre main, alors que ses pensées vont et viennent comme la mer au bord d’une plage.

Il se fige alors qu’une idée particulièrement brillante le traverse.

… P’tes qu’elle ferait une crise cardiaque si je lui disais que j’étais pan. J’aurais la paix comme ça.

Son visage se tord en une moue agacée alors qu’il y réfléchit plus en détail.

Quoi que, elle serait encore capable de me dire que ça ne m’empêche pas de me marier. Détourner la vérité et lui faire croire que je suis gay, peut-être ? T’en penses quoi ?

Gil tourne la tête vers Jason, attendant sa réponse avec curiosité. Maintenant qu’il y songeait, peut-être qu’il pourrait faire croire qu’il sortait avec Jason ? Après tout, sa mère les a vu ensemble, dans le même appartement, ça ne serait pas si difficile à lui faire avaler, non ? Puis, ce n’est pas comme si Jason n’était pas adorable à ses yeux, ça serait facile de faire semblant.

… Gil met cette réflexion sur le compte de la fatigue et de l’alcool. Il adresse un regard noir au whisky au fond de sa tasse, qu’il tient désormais responsable de tous ses maux. Définitivement la faute de la fatigue et de l’alcool.

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Parler de l’asso lui convient bien. C’est simple, pas prise de tête. Loin des terrains glissants sur lesquels il refuse de s’aventurer. Il place ainsi son attention sur ces boules de poils, pousse les autres à s’en soucier au lieu de se préoccuper du reste. Une stratégie sans fioriture mais qui s’avère efficace la plupart du temps. De toute façon, les chats recueillis par l’association méritent bien plus l’attention que les fantômes qui dansent dans sa tête. Avec les années, Jason a appris à vivre avec, à les ignorer ou à les noyer dans la clope, dans la cigarette, ou dans toute autre substance illicite. Ils ne resteront pas. Ils se dissiperont, tôt ou tard, alors leur donner voix ne sert à rien.

C’est ce qu’il se répète, tandis que ses yeux se perdent sur le verre de whisky. Les quelques gorgées déjà avalées suffisent à peine à contenir ces démangeaisons qui parcourent son corps. Ses doigts pianotent sur le comptoir, puis finissent par céder à une autre tentation. Sa main disparaît un bref instant dans sa poche, en ressort boîtier métallique et briquet. Il attrape une cigarette roulée, songe qu’il devra en rouler d’autres pour toujours en avoir d’avance, puis l’allume. Le tabac emplit ses poumons, puis il expire ce nuage âcre chargé de nicotine. Il range alors l’étui, et le couteau suisse dans sa poche caresse ses doigts. Une présence rassurante, agréable. Son pistolet frotte toujours contre son dos, coincé à sa ceinture et dissimulé par sa chemise froissée.

Les mots de Gil l’effleurent sans jamais le toucher. Ce ne sont pas ses affaires. Jason n’a pas su retenir sa question, chargée d’émotions indésirables. Il n’est qu’un étranger à toute cette histoire. Il n’en connaît pas les tenants et les aboutissants, ne compte pas s’y investir plus que nécessaire. En soi, sa rencontre avec cette mégère de service n’est qu’une erreur de calcul, rien de plus ; inutile de s’attarder davantage sur le sujet.

Et pourtant, Jason n’a pas l’insensibilité suffisante pour jeter un œil vers Gil sans ressentir la moindre compassion. Des hauts et des bas, Gil en a connu depuis qu’ils ont débuté leur colocation, mais il n’a jamais été aussi bas - ou en tout cas, jamais en sa présence. Il n’a même pas l’air de savoir comment tenir l’alcool, à l’inverse de Jason qui a déjà fait bien pire que deux pauvres verres de whisky.

Réprimant un soupir, il attrape le paquet de biscuits et le fait glisser jusqu’à Gil. Il sort aussi une tablette de chocolat noir, qui suit le même chemin.

— Mange.

Revoir Riley à travers ses propres gestes le dérange mais Jason tâche d’en faire abstraction. Il ne compte pas s’immiscer comme le fait son supérieur. Si Gil dénigre les biscuits comme le chocolat, il n’insistera pas. Il n’est pas sa baby-sitter - même s’il empêchera son colocataire de vider la bouteille si besoin. Gil mérite mieux que de passer sa journée la tête au-dessus de la cuvette des toilettes parce qu’il n’a pas su contrôler sa descente.

Une sympathie de sa part qui s’étiole peu à peu face aux élucubrations ivres de Gil. Il tire sur sa clope une longue bouffée pour réprimer l’agacement qui s’agite en lui.

— Tu veux te faire interner ?

Sa voix claque, bien plus qu’il ne l’aurait voulu. Il retient l’insulte qui suit face à son écart. Avec le profil de cette mégère, il n’y a aucun doute à avoir quant à sa réaction. Elle ne l’acceptera pas, et si Jason ne se méprend pas sur son acharnement digne d’une sangsue, elle ne coupera pas les ponts avec Gil. Elle cherchera plutôt à le faire rentrer dans le rang, même de force.

Pour chasser toutes les autres réflexions qui menacent de tourmenter son esprit, Jason termine son verre d’une traite. Il pose sa cigarette dans le cendrier, puis récupère la bouteille de whisky.

— Allez, t’as assez bu, et je compte pas jouer les baby-sitter à te tenir au-dessus des chiottes.
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Gil observe d’un oeil soupçonneux l’offrande de biscuits et de chocolat de la part de son coloc. Il ne nie pas que cela part d’une bonne intention, mais rajouter du sucre serait lui donner une raison supplémentaire d’être invivable. Lorsqu’il aura l’intention de manger quelque chose, ça sera plutôt des œufs brouillés. Le salé, dans son cas, est préférable.

Et de l’eau. Beaucoup d’eau. Même si ce n’est pas dans ses priorités actuelles.

—  … Tu veux vraiment pas savoir à quoi je ressemble sous un mélange sucre, caféine et alcool. J’vais m’en tenir aux deux derniers. [/color]

Gil a conscience d’être difficile à vivre sobre, et d’être à la limite de l’infernal dès qu’il touche à de l’alcool. Il n’a pas spécialement envie de franchir la limite du gremlin, surtout en présence de Jason. Il ne veut pas le faire fuir ; son ami est déjà bien sympa de le supporter au quotidien, autant ne pas en rajouter.

Il arrête cependant de jouer avec le bouchon de la bouteille de whisky à la remarque sèche de Jason. Sa mère, l’interner parce qu’il est homosexuel ? Alors que l’Écosse cherche à faire bannir les thérapies de conversion et qu’il est majeur ? Un rire irrépressible monte dans sa gorge et il manque de rouler au sol alors qu’il éclate de rire.

Oh, je voudrais tellement la voir essayer ! Elle se tirerait une balle dans le pied toute seule.

Même si sa famille n’est pas toujours la plus accueillante qui soit, sa mère se mettrait dans l’illégalité la plus complète dans ce cas, et son père ne pourrait pas ignorer la situation, peu importe l’amour qu’il lui porte. D’ailleurs, pourrait-elle même le faire interner ? Gil s’est assuré qu’en cas de problèmes, ce soit sa sœur qui soit sa représentante. Être médecin humanitaire n’est pas sans risques, après tout, et s’il lui était arrivé quelque chose, il fallait quelqu’un de confiance pour gérer ses affaires et prendre des décisions à sa place.

Ne t’inquiète pas, ça ne m’arrivera pas. Dans le pire des cas, c’est ma sœur qui aurait ma tutelle. J’ai déjà préparé des papiers en ce sens.

Gil se remet en hoquetant de sa crise de fou rire et se relève doucement, grimaçant alors que Jason lui confisque la bouteille. Il a déjà bu plus que ça sans vomir, mais il pressent que ce n’est pas ce que son ami voudrait entendre alors qu’il essaye de l’aider. Il se contente de faire rouler le bouchon sur la table vers lui, avant de se remettre sur ses pieds.

Est-ce qu’il a même encore des œufs, dans le frigo ? Gil ne sait plus si c’était sur sa liste de courses ou non.

Est-ce que Jason arriverait encore à vivre ici, si Gil était interné ? La pensée lui fait froncer le nez. Il est certain qu’Ina respecte sa volonté et continuerait à payer le loyer sans virer l’ancien militaire, mais il est peu probable que Jason l’accepte.

Jason est comme les chats abandonnés dont il s’occupe dans son association. Difficile à approcher, encore plus à amadouer, et avec l’indépendance au bout des pattes. Est-ce qu’il ronronnerait, si Gil lui grattouille la nuque ? Il risque surtout d’y perdre des doigts, maintenant qu’il y pense.

Puis, ça voudrait dire que tu serais tout seul, derrière, et il est hors de question que ça arrive.

Gil se saisit d’une spatule pour les œufs qu’il n’a pas encore sorti et la pointe en direction de Jason, l’agitant en l’air pour appuyer son propos avant de se diriger vers le frigo. Forcément qu’ils ont des œufs, en fait, vu qu’il avait posé les biscuits à côté. Il est idiot, parfois.

Il pose spatule et deux œufs sur le plan de travail ; où est-ce qu’il a rangé la poêle, déjà ? Elle est peut-être encore dans le lave-vaisselle ? Et est-ce que Jason ne voudrait pas aussi manger ? Il aurait pu lui demander s’il voulait aussi des œufs brouillés, quel égoïste il fait. Ou alors il est juste fatigué, c’est juste ça, c’est rare qu’il oublie de prendre en compte Jason, après tout.

Est-ce que son ami lui en voudra ? Gil plisse à nouveau le nez ; il ne dit peut-être pas assez souvent à Jason à quel point il compte pour lui, tout compte fait. Il se détourne du plan de travail pour étreindre brièvement son ami, avant de se souvenir que la poêle se trouve à sa place habituelle et de la sortir en sifflotant.

J’te laisserai jamais tomber, même si je dois me mettre le monde à dos pour ça.

Gil examine la poêle pour vérifier qu’elle est propre, avant de la poser sur le gaz. Ses yeux se portent sur les œufs tout proches ; ça ne sera pas assez pour deux.

Tu veux des œufs brouillés ?

KoalaVolant
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Jason Hawke
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Mar 9 Avr 2024 - 14:38



Stayed Gone
Bloomsbury ◈ Printemps 2024 ◈ Ft. Gilchrist Campbell
◈ ◈ ◈

Jason arque un sourcil face au refus de son colocataire, mais il ne s’appesantit pas dessus. Il n’insiste pas. Il reprend même le paquet de gâteaux pour grignoter quelques biscuits afin d’éponger le whisky. S’il ne mange rien, tôt ou tard son estomac protestera contre le mélange café-whisky parsemé de tabac - et Jason préfère éviter les crampes d’estomac s’il le peut. Il n’a pas la moindre envie de sombrer comme il a déjà pu le faire auparavant, à se réveiller dans le flou au bout de plusieurs jours, à ne plus savoir où il en est, et à être récupéré à la petite cuillère par Riley. Depuis qu’il s’est installé à Londres avec Gil, il a toujours pris soin de garder secret ses vieux démons, de les maintenir secret surtout, et une part de lui se hait pour vouloir céder pour si bien.

Alors qu’il range la bouteille de whisky à l’abri des regards, il lâche un bref soupir. Toute cette situation l’exaspère. Il déteste cet entre-deux sur lequel il n’éprouve aucun contrôle, cet entre-deux où son esprit décide de jouer contre son camp. La démangeaison toujours dans le bout des doigts, la cigarette ne suffit pas à détourner toutes ses pensées. Rester là n’aide pas non plus. Jason se connaît, avec les années ; il a besoin de bouger, de s’occuper pour passer à autre. Et surtout, de ne pas avoir dans les pattes qui le connaît et qui peut le percer à jour. Dans ce genre de moments, il a toujours détesté la présence de Riley, même si son ami n’a jamais pensé à mal. La même logique s’applique avec Gil, même si les deux hommes n’ont pratiquement rien en commun.

Après un brin de vaisselle pour débarrasser son verre comme sa tasse, Jason abandonne la cuisine pour récupérer une paire de chaussettes et ses vieilles rangers. Elles accusent l’âge, mais pour rien au monde il ne s’en débarrassera. Elles sont comme de vieux chaussons pour lui, plus confortables que n’importe quelle autre paire de chaussures. Il s’assoit donc sur un coin du canapé pour les enfiler, les lacer bon gré mal gré - combien de fois Riley lui a fait remarquer que son laçage ne ressemble à rien ? L’a questionné sur l’improbabilité que son laçage tienne sur le terrain ? Et pourtant, Jason n’a jamais eu de problèmes, même perdu en pleine montagne.

Au milieu des montagnes afghanes, il avait d’autres problèmes en tête.

Il termine le nœud d’un coup sec. Bordel.

— Je me débrouillerai.

Impassible, comme d’habitude. Comme une force de la nature que rien ne chamboule. Le logement ne lui posera pas de soucis. Même s’il n’a pas l’envie d’y recourir, il sait qu’il a la Ruche en soutien en cas de pépin, au moins le temps de se retourner et de trouver une autre solution. Il n’est pas non plus sans le sou, avec sa pension de l’armée, bien que cette rente soit loin d’être suffisante pour vivre à Londres. Est-ce qu’il resterait dans les parages d’ailleurs, si Gil n’est plus là ? Jason n’en sait rien. Il ne s’est jamais posé la question, et ne compte pas y répondre maintenant.

De toute façon, Gil s’amuse à le prendre de court avec une étreinte soudaine. Elle ne dure pas longtemps, à peine une poignée de secondes, mais elle laisse Jason mal à l’aise. Il ne sait jamais comment réagir face à ces démonstrations d’attention.

Il attrape plutôt son manteau en cuir, vérifie ses poches pour ne pas sortir sans ses papiers ou ses clefs.

— Nan, c’est bon. Je mangerai à l’asso. Je retourne voir la minette, je crois que personne d’autre peut passer aujourd’hui. T’as besoin que je récupère quelque chose au passage ? Au pire tu m’envoies un message.

Un regard sous-entendu vers le frigo. Gil a fait les courses, mais qu’il ait oublié quelque chose ne l’étonnera pas. Jason enroule son keffieh autour du cou ; le printemps a beau arriver, il fait encore frisquet.

Il s’éclipse un instant dans le couloir, à la recherche de Pazuzu qui s’est réfugié dans la panière à linges. Puis, après quelques caresses et une friandise, Jason abandonne l’appartement, bien déterminé à se changer les idées, loin de la sollicitude de Gil.
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