Depuis plusieurs siècles maintenant, l'existence des surnaturels a été révélée au grand public. Aujourd'hui, en Grande-Bretagne, ils cohabitent avec les humains dans la vie de tous les jours. Des lois et des organismes, ont été créés pour préserver cette paix parfois bousculée par quelques agitateurs. Les Loups-garous et les Vampires, vivant chacun dans leur communauté respective, s'avèrent moins effrayants que ce que l'on peut lire dans les légendes. Mais quelque chose se trame... Un secret tombé dans l'oubli est sur le point d'être découvert.
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Pister la fausse note ◈ ft. Leonora P. Egerton
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Mer 28 Fév 2024 - 15:13



Pister la fausse note
Royal Opera House ◈ Hiver 2023 ◈ Ft. Leonora Egerton
◈ ◈ ◈

— Apolline. Un appel sur la quatre.

Je redresse la tête, un biscuit aux épices sous le nez pour en apprécier les bonnes odeurs. Evrard ne m’accorde pas un regard ; il ne sourcille plus face à mes petites habitudes pour tromper l’ennui. Je saisis alors le combiné de ma main libre, décroche la ligne transférée. J’assène mon nom et mon grade du BUR avant de coincer le téléphone entre ma joue et mon épaule pour attraper un calepin et un stylo. L’agent à l’autre bout de la ligne manque de succomber à la panique, avec son souffle haletant ; il sort d’une course-poursuite qui n’a rien donné, même s’il n’a pas su s’empêcher d’imaginer le pire. Pendant qu’il lâche ses renseignements au compte-goutte, que je griffonne sur le papier, je cherche le reste du dossier. Les pistes se rejoignent enfin après des jours de recherches et de traque. J’esquisse un fin sourire, puis j’intime à l’agent de rentrer faire son rapport détaillé.

Je raccroche alors le combiné, abandonne le biscuit aux douces odeurs épicées sur le bureau, puis me dresse d’un bond sans attendre. Je récupère mon long manteau que j’enfile, tandis que je croise le regard d’Evrad. Il a levé le nez de son journal.

— Une piste ?
— Le déviant a été aperçu du côté de l’opéra.
— Covent Garden ? Il n’avait pas été repéré du côté de Spitalfields ?

Je hocha la tête. Les deux quartiers ne sont pas exactement la porte à côté, alors quelque chose a dû le motiver à se déplacer - et à prendre autant de risques. Je fouille mes poches, m’assure que je n’oublie rien.

— Tu te souviens de la plainte pour harcèlement à l’opéra, il y a quelques jours ?
— Tu crois qu’il y a un lien ?
— Pour quelle autre raison ce déviant s’aventurerait à Covent Garden ?

Peut-être qu’une autre raison m’échappe, mais avec les éléments en ma possession, je ne pense guère me tromper. Des années à travailler pour les services de renseignements d’époques différentes ont aiguisé mes sens.

— Besoin de renforts ?
— A être trop nombreux, on risque surtout de l’effrayer.

C’est une partie de chasse ; et pour débusquer le lapin, rien ne sert de se précipiter.


◈◈◈


Depuis mon installation à Londres, je n’ai pas vraiment mis les pieds au Royal Opera House, même si j’admets être plutôt curieuse de découvrir les lieux trois siècles plus tard. Une de mes missions pour le Secret du Roi m’a autrefois poussée à m’immiscer dans les coulisses de l’opéra afin de rencontrer un contact. En tout cas, le quartier n’a plus rien à voir avec celui que j’ai connu au XVIIIe siècle, comme beaucoup d’autres endroits de la capitale britannique.

A l’accueil de l’opéra, je présente mon badge du BUR pour entrer sans difficultés. L’agent du guichet me fournit quelques informations banales, rien de quoi attiser mon intérêt, tandis que j’étudie les lieux. Il ne comprend pas vraiment pourquoi le BUR s’immisce dans les affaires de l’opéra ; la plainte de harcèlement ne relève pas vraiment de notre juridiction, à moins que des surnaturels ne soient impliqués, comme ce déviant.

Je me dispense bien vite de sa présence pour enquêter, et je décide de commencer par les loges. Avec l’heure tardive, le public a déjà quitté les lieux, au même titre que les artistes ; en d’autres termes, il ne reste plus que les agents administratifs qui effectuent la fermeture, les agents de sécurité dans les locaux, ce qui laisse le champ libre à tout intrus. L’occasion rêvée pour un fan obsessionnel pour fureter du côté des loges et ainsi mettre le nez dans les affaires de son idole.

Mes pas étouffés par les tapis qui recouvrent le sol, je m’approche des loges d’où filtrent une lumière et des éclats de voix. Une dispute. Je vérifie la présence de mon arme de service contre ma hanche, dissimulée par mon manteau, et après une brève inspiration, je me positionne dans l’ouverture de la loge. Un regard me confirme qu’il n’y a pas d’autre sortie. Je prends une mine intriguée, un peu inquiète aussi. L’idée est de ne pas dévoiler mon appartenance au BUR immédiatement ; je ne compte pas effrayer le déviant plus que nécessaire, car qui sait comment il réagirait ?

— Il y a un problème ? J’ai entendu crier.
(c) chandelles
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