Alors on danse
FEAT ☾ CAL
[Aléa 1]
« Tiens toi droit s’il te plait Zac, allez, j’ai bientot fini. »
Enfilé son costume à son fils semblait plus une épreuve que de l’avoir confectionné lui-même. Scott n’avait aucune (mais alors aucune) compétence en couture. Après le choix des couleurs et de ce que souhaitait l’enfant (capricieux pour une fois, paix à l’âme de sa défunte mère de toute la malédiction verbale que pouvait offrir Scott de lui avoir donné un gamin pareil dans ce genre de circonstances), qui se porta sur le bleu, Scott dut passer des heures sur plusieurs vidéos ; louer une machine à coudre ; acheter du tissu (de la bonne couleur, Zac veillait au grain) ; et passer autant plus d’heures à coudre, ajuster et recoudre ce foutu costume.
Le résultat semblait probant, si tant est que le jeune garçon daigne l’enfiler car l’heure tournait et ils seraient bientôt en retard à ce stade pour la kermesse.
« Zac »
Le gamin trépignait, mais devant le ton de son père, il cessa de s’agiter et se mordilla la lèvre inférieure. Après bien cinq minutes à s’acharner, Zac était enfin près dans sa petite tenue bleue. Il ressemblait à un mélange entre un lutin et robin des bois mal assorti, mais cela semblait le ravir car il trépignait sur place.
« Je peux voir ? Je peux voir !»
Scott hocha alors la tête en inspirant lourdement, alors que la petite tête blanche courut pour regarder son reflet dans le miroir de sa chambre. S’en suit un couinement de surprise content, et un grand sourire lorsque son visage refit surface vers son père. Il l’enlaça alors presqu trop brusquement, ce qui eut une expression de surprise sur le visage de Scott. L’adulte n’était pas le plus calin avec sa progéniture. Il n’était pas froid, il lui en faisait parfois, tout comme des baisers tendres, mais ce n’était pas habituel dans leur famille. C’était plutôt de ces moments rares que l’on chérit.
« Merci popa »
Scott posa sa main sur la tête de son fils. Car Zac savait, savait ô combien son père avait bossé sur cette tenue après le travail. Les nuits blanches où il s’était levé pour boire de l’eau et qu’il avait vu la lumière du bureau allumé, et son père penché sur la tenue. La fatigue visible sur le visage de ce trentenaire qui avait du apprendre la couture en moins de trois semaines car (évidemment) il s’y était mit au dernier moment.
« Allez, met tes chaussures. On y va. »
Le petit s’éxécuta, Scott termina de s’habiller par la même occasion. Il avait mit une tenue classique, chemise et pantalon délavé en jean. Il attrapa sa veste et une veste pour le petit au cas où le froid viendrait le chatouiller.
Après quelques minutes de voiture, garé, et bien arrivé, le timide Zac refit son apparition. Il resta auprès de son père, attrapant un pan de sa chemise, comme si ses camarades de classe ou même la kermesse elle-même, allait le brûler sur place. Par chance, il avait des amis beaucoup plus expressifs (et moins tempérés) que lui, qui venaient à sa rencontre pour venir le chercher et l’amener vers sa maitresse, ou bien pour jouer. Ce qui le délia un peu de son père et laissa la place à celui-ci de souffler, cherchant du regard un visage familier (et un compagnon de cellule de ce moment qui s’annonçait long pour les deux heures à venir) quand son regard tomba sur Cal, le père de la petite Chloé, qui était l’une des amies de Zac. Alors, naturellement, l’agent de sécurité à la carrure imposante, mains dans les poches, se dirigea vers la figure presque familière (ou tout autant).
« Bonjour, vous aussi, vous êtes de corvée de kermesse? »
Une esquisse de sourire entendu. Evidemment, ce n’en était pas réellement une. Voir la joie sur les petits, était toujours un bon moment à passer malgré l’attente, malgré l’ennui, malgré les chants faux et les chorégraphies approximatives. Peut-être qu’il allait lui payer un verre, si boisson il y avait. Cela pourrait passer le temps plus vite. Si tout du moins, il était disposé à l’accompagner dans ce moment de solitude intense.