Au-delà du blond platine, l’argent étincelant de la chevelure de Rean se décoiffe dans ta direction. Il n’a pas l’air particulièrement heureux de reconnaître tes contours, pourrais-tu dire que tu es réellement étonné ? Il faut dire que oui… Quelque part, tu ne t’attendais pas à grand-chose, mais tu es tout de même déçu. Es-tu si inapte que cela à interagir avec tes pairs ? Certes, tu as bien conscience de ne pas être bien compétent quand il s’agit de repérer les indicateurs sociaux, surtout lorsqu’ils dérivent, même qu’un peu, de ce que tu connais d’ores et déjà par cœur. Sa seule réponse se résume en une avalanche de reproches alambiqués et un air profondément critique vis-à-vis de ta démarche.
Était-ce si répréhensible que cela de s’enquérir du bien-être d’un camarade de la meute ? Décidément, aussi bourgeois ou miséreux soient-ils, les mœurs des roturiers te sont par bien de manières complètement étrangères. C’est du moins l’explication la plus plausible que ton esprit étriqué trouve à donner à une situation pareille. Pris de court, tu balbuties maladroitement ces quelques mots. « Q-Quoi ?.. Nooon. » La longueur de ton intonation sur cette déclaration finalement ne la rend que plus suspecte, ce qui n’est pas pour arranger tes affaires à vrai dire. Encore échaudé du match âprement disputé plus tôt, tu te décides à éponger ton front sur une bande de tissu enfilé à ton poignet, révélant ton polo auréolé.
Ne sachant que trop peu comment rebondir sur cette attaque en bonne et due forme, tu te rappelles l’étrange position dans laquelle tu l’avais découvert. N’est-il pas posté ici en observateur ? Peut-être ne déteste-t-il pas la vue des équidés ou de leurs cavaliers ?.. Extrapolant peut-être un peu trop cette idée, comment pourrait-il se sentir devant une proposition, peut-être impromptue, mais qui répondrait mieux que tout à ses questionnements inquisiteurs. « Tu aimes ça, les chevaux ? » Détournant ton regard vers un coéquipier, perché sur son étalon, tu poursuis. « Je pourrais te présenter mon cheval ? Il me faudrait encore le soulager de sa selle… Et j’aimerais le brosser. »
Reportant ton regard sur le visage traitement angélique du monstre d’ego face à toi, tu lui proposes une fois encore un sourire amical. Avec une simplicité aristocrate, tu t’amuses de la situation. « Ce n’est pas indispensable que je m’en charge moi-même, c’est même le travail de certains employés ici, mais je trouve que ça me permet de renforcer ma complicité avec Veldra. » Les nuages sur ton visage s’évanouissent sous le brillant soleil de tes traits ravis. Tu ne te refais pas, il est de ces sujets qui arrachent toute forme d’hypocrisie à l’expression désormais translucide de tes émotions. À moins qu’il ne s’agisse précisément de la marque de ton jeu ? Être plus convaincant en exagérant certains sentiments plutôt qu’en te laissant être toi-même, impossible à dire.