La jeune femme est d'une nature relativement bienveillante, ne souhaitant pas causer de torts aux siens et préférant toujours offrir une main tendue à ceux qui en ont besoin. Elle veut rendre ce qu'on lui a donné, partager l'esprit de la Ruche. Cela dit, Allie est une personne qui a grandit dans un milieu très aisé, qui valorise l'élégance et la bienséance. Elle aime le travail bien fait, elle aime la perfection, elle aime apprendre et préfère garder jalousement ce qui lui tient à cœur.  

En ce sens, elle ne le montrera pas forcément et n'est pas toujours constante dans son intégrité, mais elle est terriblement jalouse et n'apprécie de partager les gens dont elle est proche. C'est particulièrement vrai dans ses relations intimes, et sa jalousie ne s'arrête pas là. Elle est rancunière, mais se refuse à agir sur sa rancune. C'est donner une mauvaise image à la ruche et à son entourage. Par contre, si personne ne peut savoir que c'est elle... C'est une autre histoire.

Sa longévité et sa nature curieuse l'ont amenée à essayer un tas de choses, mais font également d'elle une grande incertaine. Il est difficile de retenir son attention longtemps. Aussi, en l'espace d'un siècle, elle a changé plus de trente fois de professions, dans des domaines très variés. Le plus long emploi d'Allie a duré 5 ans. Elle cherche éternellement quelque chose, sans réellement savoir quoi. Cela l'a entre autre rendue compétente dans beaucoup de domaines (à des degrés très variés en fonction de son intérêt), mais jamais réellement experte de pointe. C'est un véritable couteau-suisse, qui a du mal à trouver sa place et un sens à son existence, malgré son jeune âge.

Une chose qui ne la lasse néanmoins jamais, ce sont les relations humaines et la politique. Bien qu'elle n'ait pas particulièrement envie d'en être prise dans le tourbillon, cela l'amuse énormément de voir les actions et les réactions de chacun, d'observer et de comprendre ce qui se trame chez tout un chacun. C'est agréable, de pouvoir juger sans l'être.
Car elle est juge d'elle-même avant tout, et que si elle doit exiger la perfection chez les autres, elle l'exigera certainement chez elle - quoi qu'elle est plus indulgente envers autrui. Allie est probablement en proie à de terribles anxiétés internes qu'elle se refuse d'avouer, tant par son indécision qu'elle a l'impression d'imposer aux autres que par son incapacité à lâcher prise et sa jalousie qu'elle sait excessive.

En revanche, si vous êtes dans son cercle proche, c'est une amie formidable qui remuera ciel et terre pour vous offrir un sourire. Votre bonheur, c'est le sien et ce qu'elle peut donner elle donnera. La Ruche reste sa priorité.

C'est une petite chose si fragile, au début. Elle ne se souvient que du sourire de son Papa, de la manière dont il la prend dans ses bras à chacun de ses caprices, et de l'étrange lumière étincelante des étoiles. Elle est trop délicate, incapable de jouer avec les enfants de la journée, avec interdiction de les mordre. Elle est différente et il faut bien du temps à Allie pour comprendre pourquoi.
Elle n'a pas de Maman. Non, sa maman est morte, même si son Papa ne cesse jamais de lui en parler, de la décrire, de faire l'éloge de son apparence, de lui rappeler à quel point elle lui ressemble – magnifiques cheveux champagne et iris pures comme la glace. Elle est coincée dans les soirées et les fêtes nocturnes, celles où les adultes s'émerveillent d'elle et cèdent à tous ses enfantillages. Elle est, quoi que cela signifie, une Princesse, une petite Nymphe royale sur laquelle sa Ruche veille.

Elle ne croit pas qu'il s'agisse du même genre que dans les contes de fées, même si parfois elle a tout autant l'impression d'être coincée dans sa belle tour. Sauf que ce n'est pas une tour. C'est une maison comme n'importe quelle autre, ordinaire et perdue dans le décor de la ville (une maison de riche, mais ça, elle n'a pas encore conscience de la pauvreté tant elle est protégée).

Les gens autour d'elle sont intemporels, éternellement préservés dans une beauté figée et absolue, se livrant à des fêtes comme le monde n'en connaît que trop peu. Elle est choyée, surtout par les siens et par une autre Princesse, qu'elle viendra à considérer comme son frère. Après tout, ils partagent cette particularité d'être nés Vampire, d'avoir peut-être un jour la responsabilité de la Ruche sur leurs épaules. Mais pour l'heure, cela lui passe au-dessus de la tête : on la dorlote, et elle en profite, petit ange blond aux crocs aiguisés.

Elle adore sa Ruche. Elle ne l'échangerait pour rien au monde. Allie est une enfant heureuse, dans l'ensemble – même lorsqu'elle se sent faible et reste à se reposer, à dormir comme si le monde tentait de l'emporter pour toujours. Elle apprend à aimer les belles rues nocturnes de Londres, l'air paisible pourtant pas si tranquille près des clubs et des bars et des gens qui s'amusent. Elle aime la pâle lueur de la lune, la manière dont les gens l'observent comme si elle n'appartenait pas tout à fait à leur monde.
Comme si elle pouvait s'évaporer dans l'obscurité dès qu'ils tournent leur regard.
Elle aime être un Vampire.

Elle n'a jamais rien connu d'autre, après tout.

Et lorsqu'elle grandit, lorsqu'elle dépasse la barre des vingt ans et commence la véritable nuit éternelle qu'est sa vie, la femme qu'elle devient commence à percevoir les siens sous un nouveau jour. A voir qui ils sont, à voir comment ils ont tout fait pour la protéger et prendre soin d'elle, à être un élément entier de la Ruche. Allie ne ressent que d'autant plus d'amour pour eux. Elle les aime, et elle veut le leur rendre, redonner un peu de la gentillesse qu'elle-même a reçu. Alors elle s'y efforce, à être douce, à être à l'écoute, à essayer d'être une bonne personne pour les siens. Les Humains ne le sont pas toujours, parfois possédés par la peur. Et pourtant, parfois il y a l'éclat de l'envie qui brille dans leurs yeux, comme s'ils souhaitaient à leur tour les rejoindre. C'est quelque chose qui lui échappe un peu. Être Humain.
Naturellement, elle les observe. Quand elle ne se nourrit pas, elle leur pose des questions. Elle essaye de comprendre ce qui les rend si différent, pourquoi ils ne sont pas liés par le sang mais par des parties d'animaux qu'ils dévorent sauvagement – et c'est un peu dégoûtant, malgré ce qu'ils en disent.

C'est une tâche difficile. C'est si fragile, un Humain. Un peu comme elle autrefois. Ils ne tiennent pas longtemps. Mais elle est techniquement née de l'une d'entre eux. Et sa Mère n'a jamais été dépeinte autrement que comme une figure sainte par son père. Ca l'influence certainement, bien plus que ce qu'elle n'est prête à admettre.

Et puis, il y a les Loups.
La Ruche ne les aime pas. Ils ont mauvaise réputation, ils sont un peu rudes et ce n'est certainement pas une compagnie socialement acceptable.

C'est ce qu'elle pense au début, elle aussi. Elle se souvient de leur vulgarité, de son dégoût pour eux et de la conviction qu'elle ne voudrait jamais en approcher. Le temps change son esprit. Ils ne sont pas éternels, pas comme eux, même s'ils sont certainement plus résistants que les Hommes. Mais ils ne se résument pas aux apparences, même si c'est la curiosité qui la pousse plus qu'autre chose. Après tant d'années, c'est le monde qu'elle a envie de voir et d'expérimenter, de comprendre, et plus simplement sa Ruche.
Même si elle ne la quitterait jamais. C'est son foyer. Ca le restera à jamais. Ca s'en ressent sur sa vie professionnelle. Un instant danseuse, puis l'autre étudiante dans les sciences, cherchant à mieux comprendre son monde, puis la mode, puis la musique, puis à nouveau la science et la chimie... C'est un cercle sans fin, qui ne se finit pas alors qu'elle ne tient pas en place, qu'elle essaye sans cesse de se plonger dans quelque chose de nouveau.

Et l'on marque ses cent ans, toujours petite et maigre, comme une jeune fille ayant à peine passé l'adolescence. Allie s'en fiche. Elle reste calme et souriante, parfaitement polie et élégante, prête à être parmi les siens. C'est sa communauté, ses gens. Elle a le genre de grâce angélique qui est accordée aux plus chanceux, et bien que certains puissent la jalouser pour ça, ce n'est pas si rare au sein de la Ruche. C'est elle qui envie celles qui ont de beaux cheveux noirs de jais, des corps voluptueux et plein de courbes qui attirent le regard de leur féminité, là où elle n'est qu'à peine une femme, si lumineuse et pure que personne n'ose réellement l'approcher. Trop juvénile, trop plate, trop douce peut-être.
Pourtant elle a bien des épines.

Aujourd'hui, Allie se contente d'une petite carrière dans le doublage et les pièces de théâtre. Jouer un rôle, devenir quelqu'un d'autre rien qu'un instant ; n'est-ce pas là une façon d'échapper à la monotonie de la nuit ? Puis les studios d'enregistrement ne sont pas susceptibles à la lumière du jour, eux.