Au carrefour des ténèbres

Leslie Kolchek

Tu te lèves presque à l’aube, dans ton énorme chambre dans ton énorme appartement 5 pièces, avec la terrasse inclue. Tu passes à la salle de bain prendre une douche, tu t’habilles, une longue robe noire, des mocassins et un manteau. Tout est sombre chez toi Nita, autant ton regard que le café que tu prends chaque matin.

Tu t’assois pour déguster ton café, dans un lieu de vie bien trop grand pour une seule personne, tu feuillettes ton carnet de travail, évaluant certains objets dont tu as pris note. Tu vis dans un gigantesque appartement, rêvant d’une gigantesque maison, mais avant tout, il te fallait finir de payer pour cette appartement que tu t’es achetée, ton compte en banque étant bien rempli, tu ne te faisais pas trop de soucis pour la durée.

Tu est matérialiste, mais uniquement lorsque tu te procures des biens par tes proposes moyens, tu n’as jamais été intéressée par le fait d’être entretenue par quiconque. Tu as la rigueur du travail dans la peau.

tu finis ton café, pris tes affaires, et pris la route, à bord de ta voiture, une Bentley speed six, tu aimes les choses anciennes et classe, cette voiture va bien avec ton air de fantôme du passé.

Tu arrives sur place, c’est aujourd’hui que tu vas rencontrer ton petit stagiaire, partager un peu de ton savoir, et tu espères ne pas avoir l’air trop effrayante. Tu marches d’un pas décidé, t’as parais tout droit sortie du livre d’Harry Potter, traversant la salle d’un pas décidé, le regard plutôt sombre, on croirait voir Severus Rogue.

Il est vrai que tu peux être souriante, mais ton visage, lorsqu’il est neutre, peut sembler sévère. Ce n’est pas ta faute Nita, tu es comme le temps, et surtout le temps en Angleterre, souvent pluvieux, gris, mais quand le soleil réapparaît, il nous baigne de ses plus beaux rayons. Maïs aujourd’hui, c’est un temps pluvieux et nuageux sur ta face, car il fallait quand même impressionner le petit gars.

Petit n’est qu’une appellation, il n’est que de 1 an ton cadet, tu pratiques déjà car tu as sauté 2 classes dans ton enfance, alors pour un huissier judiciaire exerçant, tu es plutôt jeune Nita, mais t’en donnes pas l’air, tu ne te décomposes mais et ne laisse surtout pas croire que tu es jeune et inexpérimentée.

Tu traverses la salle, ayant déjà répété le petit apprenant. Tu arrives devant lui, tu lui tends la main très cordialement :


-Bonjour, Michels, Kolchek c’est bien ça ?


Tu sembles très directe, mais il fallait un pas assez pro pour cette rencontre. Impressionnant sans être effrayant.

Au carrefour des ténèbres

Campus ◈ Février 2024 ◈ Ft. Nita Michels

◈ ◈ ◈

Quelque peu nerveux, Leslie tire sur l’écharpe orange qu’il ne quitte jamais depuis ‟l’incident”. Elle est pourtant parfaitement en place, ne dévoilant pas le moindre centimètre d’une peau immaculée - et il n’a gardé aucune séquelle physique de l’agression. Malgré tout, même s’il le sait parfaitement, il a conservé cette habitude, incapable de s’en détacher - comme une protection supplémentaire face à l’horreur de ces créatures nocturnes. Emalyn l’a bien interrogé les premières semaines sans qu’il ne lui réponde quoi que ce soit, mais avec la presse, elle a su additionner un et un sans lui demander son avis. Mais loin de lui reprocher les horaires tardifs de son travail, ou l’emplacement de son logement, elle l’a soutenue sans condition. Elle lui a même proposé de loger chez elle quelques jours, quitte à négocier avec sa logeuse.

Toutefois, à mesure que les semaines passent, Leslie remarque bien la lueur d’inquiétude dans son regard alors qu’il conserve ses habitudes. Il essaie de ne pas en tenir compte, mais attendre sans rien avoir à faire dans une salle n’aide guère à calmer le flot de ses pensées.

Il inspire profondément, fébrile, dans l’espoir de calmer ses nerfs tendus. Il n’en est pourtant pas à son premier stage ! Sans parler du fait que l’huissière de justice qu’il compte rencontrer a son âge ou presque ; rien d’intimidant, donc. Leslie espère seulement que cette rencontre se déroulera sans encombre pour sécuriser son stage de six mois qui validera sa dernière année de master. Si prêt du but, il ne peut pas se permettre d’échouer, et encore moins de redoubler. Il songe déjà à mettre ses études entre parenthèses une fois son master en poche le temps d’amasser un peu d’argent, alors ce n’est pas la peine de se rater dans la dernière ligne droite.

Mais si ces horreurs s’y mettent… Leslie secoue la tête ; ce n’est pas la peine d’y penser.

Par chance, l’huissière de justice arrive enfin. Le pas leste, drapée de noir et le visage fermé, elle lui rappelle un peu les Nazgûls dans son aura menaçante - à la différence qu’elle est bel et bien humaine, là où il ne peut pas en dire autant des Nazgûls. Et en dépit du jeune âge de la femme, elle lui rappelle un peu sa grand-mère, lorsqu’elle toisait les clients récalcitrants pour leur faire comprendre qui dirigeait le restaurant. ‟Le client est peut-être roi, mais encore faut-il garder sa tête sur les épaules.”

Leslie réprime un sourire face au souvenir de sa grand-mère, se compose une image sérieuse également. Il accepte la main tendue pour la serrer à son tour.

— Leslie Kolchek. Étudiant en dernière année de master de droit. Toujours une petite présentation pour être bien resitué, surtout au début. Puis un bref sourire. Sérieux, mais pas froid. Merci de me recevoir.  

Il hésite un instant, ne sachant trop par quel angle commencer.

— Je ne suis pas familier avec l’univers des huissiers de justice, mais je ferai de mon mieux pour apprendre.

Au carrefour des ténèbres

Leslie Kolchek

Tu hoches la tête, un sourire au visage. Le petit, si on peut vraiment dire « petit » vu ton âge, a l’air confiant, ça n’a pas l’air de le démoraliser, mais s’il ne connaît pas encore tous les rouages du monde des huissiers judiciaires, tu allais pouvoir lui en apprendre des belles.

⁃ Allons à nos bureaux, je te ferai visiter, ensuite je t’apprendrai quelques bases, et si tu te sens d’attaque, tu m’accompagneras à une de mes « visites de courtoisie ».


Tu lui fais signe de venir et vous faites tranquillement la route jusqu’à ta Bentley. Tu roules calmement, tu portes toujours une attention plus aiguisée à la route, t’as toujours très peu apprécié les personnes qui ne font pas usage de ce qu’elles ont appris au code. Néanmoins, tu gardes une oreille attentive à ce que ton nouvel employé pourrait te demander.

Vous arrivez dans les bureaux, tu traverses le grand hall d’un pas décidé sans pour autant perdre de vue ton jeune apprenti. Tu ralentis un peu, pour marcher à sa hauteur. Il n’est pas bien grand ou costaud, assez élégant dans son genre, tu te demandes s’il a chaud, vu l’écharpe qui trône enroulée autour de lui. Tu ne poses pas plus de questions, ce n’est que vos premières heures ensemble, pas besoin d’être intrusive et d’envahir l’espace d’un inconnu.

Tu continues de marcher et laisse juste échapper quelques mots.


- Les huissiers judiciaires sont beaucoup de choses : influents, riches, respectés des autorités et convoités dans différents services.


Tu jettes un œil dans les couloirs, continues d’avancer, puis te tourne à nouveau vers Leslie :


- Il y a beaucoup de choses, néanmoins, qu’ils ne sont pas : des gens appréciés de la population, des personnes compréhensives, des tendres. Ils savent ce qu’il en est, et si quelqu’un ne peut supporter l’adversité du milieu, alors il ferait mieux de partir.

Tu continues le chemin, arrivant à ton bureau, tu invites Leslie à entrer. Tu lui avait déjà préparé un bureau identique au tien juste en face, tu voulais qu’il soit bien pour travailler, tu espères le mettre à l’aise bien que tout dans ton comportement à l’air d’avoir pour but d’intimider.

C’était un bureau luxueux, avec des meubles neufs, des couleurs rouges royales, des rideaux magnifiques sur d’énormes fenêtres. Des tapis assortis aux rideaux, tout faisait penser à l’opulence et la richesse la plus totale.

Et ça t’allait très bien, tu as tout fais pour travailler et te tenir à ce niveau-là de vie, qu’importe être aimé ou d’être empathique, si la réussite ne tient qu’à la rigueur de son travail, alors tu mourras ici, entre les 4 murs de ton bureau en faisant ce qui te plais.