Personne qui œuvre pour le bien de ses semblables, pour l'amélioration de leur condition, de leur sort, qui vient en aide aux déshérités
N'allez pas croire qu'il vienne en aide, chaque jour, à la veuve ou l'orphelin. Il s'agit de quelque chose de beaucoup plus fondamental que cela chez Meryl. Il aime se baigner dans la reconnaissance que des personnes peuvent lui porter. Il aime se sentir apprécier, sentir que sa présence sert à quelque-chose, laisser une trace chez les gens qu'ils rencontrent et que par phénomène de rayonnement, ce bien lui revienne un peu. C'est une pratique assez proche de l'onanisme, si l'on est franc.

Qui accorde crédit à l'individualisme; qui reconnaît la prééminence de l'individu sur le groupe, la collectivité, la société
En ce monde, on né seul et l'on meurt seul. Sans dire que ce soit une réalité avec laquelle Meryl vive en paix, c'est bien celle en laquelle il a décidé de croire. Ce pan de lui, c'est surtout l'illustration de la difficulté qu'il a de réellement se connecter à autrui. Il préfère bien plus se bercer d'illusions, penser qu'ultimement il ne peut compter que sur lui-même, que personne n'a de prise sur lui - ironie bien grande, lorsque l'on sait qu'il aura finit par se faire adopté d'une nouvelle ruche.

Celui, celle qui accomplit fidèlement ce qui est prescrit par une loi, une règle, une coutume / Personne qui observe avec attention, qui a le sens de l'observation
Il est autant l'agent que la qualité. Il n'a pas le chaos en horreur, loin de là, mais bien conscient que le monde ne s'autorégulera pas de lui-même demain, il faut bien un garant à l'ordre et l'incarné lui convient très bien. Il a une approche assez primitive sur les choses, il flaire naturellement les pistes. Pour sûr, c'est un homme de terrain, pas un bureaucrate ou un magistrat. Malgré sa réticence quant à l'apprentissage des lois humaines, il a su s'y astreindre, bien que ça ne l'empêche pas de les contourner - pour ne pas dire y contrevenir, de temps à autres.

approche philosophique et artistique qui souligne le caractère dérisoire et paradoxal de la quête de sens dans un monde chaotique et insensé
Ne pas se prendre trop au sérieux, ne rien prendre trop au sérieux. Après tout, rien n'a de sens. C'est aussi libérateur, aujourd'hui, pour Meryl que ça a pu être le nœud de tous ses maux, il y a quelques temps. Cette philosophie, c'est avant tout le vœu de ne pas souffrir inutilement. Le brun a connu son lot de malheurs et s'autoriser quelques fantaisies n'a rien de négatif, au contraire. Lui qui aura vécu deux à trois vies humaines aura fini par se rendre compte qu'en réalité, pour peu que l'on ne cause pas trop de grabuge, on peut s'en tirer à bon compte pour à peu près n'importe quoi. Il aime rompre avec les attendus ou les normes, davantage pour s'exprimer, par un vêtement, un comportement inhabituel ou un drôle d'accent, que pour déranger qui que ce soit. Il veut être lui, aussi fragmenté et multiple que les gens peuvent l'être.

Il né humain en 1841, sous l'ère Edo, au Japon. Le brun est jeune maître d'une maison de bonne renommée du Kanto. Fils d'un père absent et d'une mère fort occupée, il grandit entouré de ses frères et de ses sœurs, plutôt sainement. Il est instruit aux arts comme armes, bien que suffisamment éloigné, dans la liste de succession, pour qu'il n'ait aucune vue sur les biens familiaux. Adolescent, il passe le plus clair de son temps libre dans des salons de thé fréquentés par son père. Il y rencontre certaines de ses amies, parfois maîtresses, parfois Geishas.

C'est auprès d'un de ces dernières qu'il apprend a jouer au shōgi. Cette femme deviendra pour lui l'objet de nombreux tourments. En effet, s'il n'aura jamais éprouvé pour elle la moindre attirance, malgré ses manières impeccable, sa beauté resplendissante, son remarquable intellect, il nourrissait pour cette femme la plus sincère des tendresses. Lorsqu'il apprit qu'une Geisha de cette trempe serait éternelle, qu'elle était une vampire, Reine d'un ruche, c'est un profond soulagement, plutôt que de la crainte, qu'il ressentit.

Sous sa supervision, il devient drone et perfectionna son Ikebana. Lorsqu'il demandait à cette femme quand pourrait-il devenir comme elle, elle lui assurait toujours qu'il était trop tôt. En effet, ça ne sera qu'une quinzaine d'années plus tard, un peu avant ses trente ans, que l'illustre Geisha accepta de le transformer en vampire. C'est sous la tutelle directe d'une reine, qui s'était attendrit sous le regard d'un enfant, qu'il fit ses premiers pas dans cette nouvelle communauté en tant que nymphe.

C'est a peu de choses près à cette époque que le shogunat Tokugawa est défait et signe avec lui la fin de l'époque Edo. Elle fait place au Kindai où la reine décide de se retirer de la vie publique de son pays et de prendre retraite en province, sur l'île de Kyūshū. Le années se succédèrent et la nymphe devint vampire à part entière. Le garçon était très proche du bras droit de la reine et de la reine elle-même, cela va de soi. C'est en août 1945 qu'il perd sa reine en même temps que la quasi totalité de sa ruche et de sa ville.

Dès lors, celui que l'on appelle aujourd'hui Meryl erre, sans but. Il en vient à oublier, dans le choc de la nouvelle et la brutalité de la guerre, jusqu'à son nom. Si des bribes de souvenir lui reviennent parfois d'une époque antérieure, sa vie d'Homme, ses années de servitudes, celles de formation, rien ne se décide à émerger de sa vie de vampire, au plus près de la reine, encore moins sur qui il a bien pu être tout ce temps, ce qu'il a été amené à faire en son nom.

Sonné par l'une des expériences des plus traumatique pour tout son peuple et la perte la plus douloureuse imaginable pour un vampire, il décida de fuir. En quête de sens, en quête d'un but, il lui fallait étouffer la douleur, survivre autant que possible. Désormais déviant, pour de nombreuses années, il commit d’innombrables méfaits qu'il n'est pas certain de vouloir jamais confier. La plupart, il les aura ignoré, c'est le bourdonnement assourdissant de sa colère et de sa tristesse qui l'aura déconcentré. Une coquille vide, des décennies durant.

Ses pas, badauds l'emmenèrent aux quatre coins du monde. Hébété comme il était, il lui aura fallu cette séance de cinéma, sur les bords de la Tamise pour retrouver dans ses yeux la sémillance d'enfant qui avait séduit une reine. En 1979, on y passait Kramer contre Kramer. C'est en voulant recopier le nom de l'actrice sur ses faux papiers qu'il aura laissé une coquille. L’anecdote lui plut, aussi décida-t-il de conserver cette identité factice. Elle était pourtant bien la seule qu'il lui restait maintenant.

C'est en ayant prit conscience de toute l'absurdité du monde, qu'il comprit la part nécessaire d'ordre qu'il fallait y maintenir. Aussi, amoureux de Londres comme il l'était devenue, il préféra se renseigner sur les conditions d'admission au Bureau du Registre des Surnaturels. C'est avec effroi qu'il apprit qu'il lui fallait, non seulement trouver une nouvelle reine, afin de régulariser sa situation sur le territoire, mais aussi s'affranchir d'une tâche fastidieuse, les études secondaires.

Lui qui, depuis près de cent ans ne s'était pas retrouvé dans une situation d'apprenant, le voilà contraint et forcé de retourner sur les bancs de l'école. Déjà, pour arracher le droit de prétendre à une éducation de l'enseignement supérieur. Une tâche dans laquelle il eut la chance d'être épaulé par sa nouvelle ruche. Le désir sincère de s'intégrer à une nouvelle communauté, de créer ici à Londres quelque chose en lequel il puisse à nouveau croire, ne serait-ce qu'un peu fit pencher la balance en sa faveur auprès de Redcastle. La situation démographique de la ruche suite à la perte de leur reine et les nombreuses requêtes du BUR, y auront sans doute plus contribué.

Cela n'aura laissé Meryl dans sa situation de déviant qu'une poignée d'année avec un agent de probation aux basques. Tout juste le temps d'en arriver à la fin du monde, l'an 2000. Le brun avait préféré ne pas prêter allégeance à une femme, tout simplement. Le choix était clair pour lui, hors de question de s'offrir jamais à une autre qu'elle. Edward Mac Artair était donc le seul devant lequel il accepterait de ployer le genoux. La réacclimatation fut rude, se défaire de décennies de mauvaises habitudes n'était pas simple. Livré à soi-même, on ne devient qu'une version médiocre de soi. Heureusement, le raffinement de sa formation initiale, bien que profondément en contradiction avec qui il était devenue, est toujours là.

Aujourd'hui, il se contente de ne pas être élégant quand il ne le souhaite pas, plutôt que de n'être qu'un sauvage. C'est finalement diplômé d'un master en droit et d'une licence en psychologie qu'il décréta sa soif d'apprendre, nouvellement découverte, étanchée. Il pu prétendre à passer le concours d'entrée du BUR courant des années 2000, qu'il échoua une première fois, faute de s'être présenté à l'heure. C'est l'année suivant qu'il pu rejoindre le rang des lauréats. Aux environs de 2001, il fait partie intégrante du Bureau et ce depuis maintenant plus de vingt ans. Il poursuit ses études, notamment à distance ou à l'occasion de conférences dans le domaine de la criminologie.