Toi ici?
FT Ashborn

Après une délibération pas si longue avec lui-même, Ashborn s’est décidé à se rendre à l’une des expositions de l’un des artistes qu’il suit sur les réseaux sociaux. Il n’a rien contre ce genre d’événements, le géant n’a habituellement pas tellement la motivation de se retrouver dans un amas de gens un peu trop pompeux à son goût. Aucun jugement, après tout, il est lui aussi né dans ce genre de haute sphère. Est-ce que cela les rend plus agréable à sa personne ? Pas vraiment. Peut-être parce qu’il sait très bien que les trois quarts de ces sourires sont faux et qu’à la seconde où il aura tourné la tête, ils s’en donneront à cœur joie pour lui casser du sucre dans le dos.

Il faut dire que le salon est ouvert en journée et que le soir venu, il n’a pas forcément envie de se retrouver dans une galerie bondée pour regarder quelques œuvres dans une foule. Pour Ashborn, l’art c’est aussi pouvoir l’apprécier dans la tranquillité sans se sentir pressé par les autres visiteurs. Mais puisque cette fois il a du temps, pourquoi pas.

Devant son armoire après une douche bien méritée, le loup se questionne sur ce qu’il doit se mettre sur le dos. Les deux billes d’ambre se posent sur l’écran de son téléphone, alors qu’il observe pour la 125ème fois le lieu de l’exposition. Puis après quelques courtes autres minutes, Ashborn décide qu’il n’a pas de raisons de faire plus d’efforts que cela. Il y va pour son propre plaisir, pas pour socialiser avec une marée d’inconnus. Mais il ne se permettrait pas de manquer de respect à l’un de ses artistes préférés, alors il enfile une chemise et une veste, ainsi qu’un pantalon. Il zieute ses cravates, plissant légèrement le nez. Il ne faut pas pousser non plus. Ashborn a déjà l’air suffisamment impeccable ainsi.

C’est derrière ses lunettes, qui ne sont là que pour accentuer un peu son style, parce qu’il a une excellente vue, qu’Ashborn examine l’une des peintures. Oh, il a très bien vu le mouvement de foule vers, ce qui doit être le peintre, mais il n’a pas vraiment envie, et encore moins la patience, de se retrouver au milieu de tous ces inconnus. Le loup n’aime pas être seul, ça ne veut pas dire qu’il aime être une sardine non plus.

Mais voilà, sa paix se fait piétiner par une exclamation dans son dos alors il tourne la tête. Pour être honnête, il n’a compris qu’on s’adressait à lui seulement parce qu’il a regardé en direction du cri. En même temps, qui s'époumone au milieu d’une galerie ? Déjà, il doit se péter la nuque pour voir Dorian. Ashborn exagère à peine. Le vampire est particulièrement petit. De son pouce, le loup pointe le tableau derrière lui.

« Je suis venu pour l’expo…? J’aime bien l’artiste. » Ashborn laisse un silence. Très bref. Simplement parce qu’il n’a pas envie que cela soit trop bizarre, « j’imagine que toi … aussi… »

Les ambres du loup ne peuvent ignorer la foule qui semble très intéressée par Dorian.  Il ne lui faut pas beaucoup plus pour faire le lien entre l’exposition et le vampire… Et maintenant Ashborn se sent particulièrent stupide. Il se masse l’espace entre ses sourcils, tâchant de ne pas avoir l’air d’un abruti plus que nécessaire.

« Je viens de comprendre que c’est toi qui expose ce soir… Je sais plus quoi dire pour passer ce moment très gênant alors on a qu’à faire comme si j’avais rien dit. » Il se racle douloureusement la gorge, « Oh, eh, bonsoir. Vous ici ? Haha… Quel talent. Je suis un grand fan, alors pour une fois je me suis dit que je pouvais passer à une expo’. »

Ce n’est vraiment pas moins embarrassant, mais le loup fait de son mieux.