Elle sourit, yeux clairs pétillants de bonheur. Dorian et elle profite de la soirée pour faire les boutiques, pour se faire plaisir en vue de leurs anniversaires. Janvier est arrivé et avec la nouvelle année, les deux Princesses célèbrent une année supplémentaire. Le temps a tendance à se dilater au fil des siècles - et elle se demande intérieurement si Dorian ne joue pas simplement le jeu pour lui faire plaisir. La marque de son premier siècle passée, Allison s'est souvent fait la réflexion que les suivants avaient moins de sens.
Mais bon, si c'est pour la célébrer, qui est-elle pour dire non ? Surtout si elle peut passer une journée avec son frère de cœur.

Son humeur au plus au point, elle hume l'air de l'hiver avec plaisir. Le froid lui a toujours plu, la manière dont il caresse sa peau et lui rappelle que la neige est à portée de main, même un instant. Ses cheveux champagnes sont attachés en un chignon très propre, tresse couronne en faisant le tour - l'apparence est certainement un point-clef pour Allie. La jeune femme tourne la tête vers son aîné, curieuse, avant de lui demander directement : « Tu as une idée de l'endroit où tu veux aller ? Ou de ce qui te ferait plaisir ? » Parce qu'avant de pouvoir penser à se faire plaisir à elle-même, elle doit s'assurer que l'homme trouve le sien, qu'il soit heureux de cette journée et partage sa joie.

Allie tourne son regard vers les rues animées, les gens qui se pressent dans les clubs et le cabaret de leur Reine. La blonde sourit, amusée de voir les gens s'empresser dans des endroits fermés pour quelques heures à s'adonner à des plaisirs nocturnes. Grand bien leur fasse. Ses représentations ne commencent pas avant deux semaines, ce qui lui laisse le temps de se préparer correctement. Bientôt, ce sera à elle d'attirer leur regard sur scène. Ses yeux se plisse, attentive aux petits détails de la vie de tout un chacun, avant de reprendre leur trajectoire fixe sur son frère. « Qu'est-ce que tu peint en ce moment ? » Secrètement, elle a peur d'un blocage. Le blocage de l'artiste est un moment terrible, Allie espérant toujours que Dorian le rencontre le moins possible. C'est juste frustrant. Et si jamais c'est le cas pour lui en ce moment - parce que personne n'est à l'abri, surtout pas après quatre cent ans de pratique - elle tâchera de l'aider à se sortir l'esprit de tout ça.

Le rire est facile, poussé par sa manière de la dorloter comme si elle était la chose la plus précieuse au monde. C'est léger, ça brille et ça pétille dans sa gorge avant de s'évader dans sa voix claire qui monte comme un instrument. Elle l'adore, elle l'adore tellement et sa main se resserre dans celle de son aîné avec aisance, parfaitement satisfaite du début de soirée.

Le salon n'est pas loin, et Allie s'accommode de la réponse. Dorian est enthousiaste, plein d'idées visiblement. Tant mieux. « Ca va. J'ai quelques projets intéressants et les représentations ne commencent pas tout de suite. » Il devait sûrement y avoir quelques affiches en ville pour la pièce à venir. Le rôle qu'on lui avait attribué était plutôt inédit pour elle, donc ça lui allait bien d'essayer quelque chose de nouveau. Presque comme si le directeur commençait à la connaître. Presque.

Allison se demande un instant quel genre d'individu accepte de poser alors qu'il a peur des Vampires. Quelqu'un qui a désespérément besoin d'argent... ou de curieux. « J'ai hâte de voir ça, en tout cas. Et tu es invité, pour la première. Tu me donneras ton avis sur la performance ! » Elle sourit encore, soleil radieux en pleine nuit. Leur destination est en vue et elle lâche la main de Dorian pour entrer, observant les lieux avec curiosité. Non, elle n'avait jamais mis les pieds ici. Un de leur confrère semble en être à la tête, et le nom lui effleure l'esprit. Ah. C'est un endroit où il est difficile de prendre rendez-vous, si c'est bien celui auquel elle pense. La tête
blonde se tourne vers son compagnon. « Tu as vraiment prévu ça un moment à l'avance, hein ? Qu'est-ce que tu me réserves pour cette soirée ? »
Son amusement traverse ses lèvres et Allie lui embrasse la joue, lui souffle un merci plein de gratitude. La femme est heureuse, très heureuse, et espère que sa bonne humeur et sa joie peuvent être partagées.

Ne restait qu'à commencer la soirée - et à priori, ça commençait par des vêtements. La Vampire se balance sur ses talons, excitée.

Dorian ne manque jamais de pousser à l'exagération, de chercher chez sa cadette la bonne humeur et le rire, et les yeux d'Allie brillent d'amour. Il a toujours été ainsi, à la choyer, et même maintenant, elle ne sait ressentir rien d'autre que l'affection immense qui la lie à son aîné. Les gens du salon ne perdent cependant pas de temps ; très vite, elle est entraînée et séparé de son frère pour qu'on s'occupe d'elle.

En parfaite petite Princesse, elle se laisse faire et ferme les yeux, laisse ces gens travailler sur la mise en valeur de sa personne. Allison sait que c'est difficile ; elle est petite, relativement plate et n'a pour elle qu'un charme innocent qu'il est difficile de pousser autrement qu'à l'extrême, de l'élever en un ange nocturne qui illumine le monde des vampires. Alors ses longs cheveux sont détachés, remis en valeur pour tomber en partie sur son épaule, tandis qu'on s'attache à faire ressortir ses yeux, ses joues.

On lui fait enfiler une robe, quelque chose de clair et à volants, qui souligne ses jambes enfermées dans un collant sombre et pailleté. On lui laisse les épaules nues, on laisse le haut de sa robe parler en motif et broderie, là où sa poitrine ne peut venir rehausser la chose. On révèle le rubis brillant qui est d'ordinaire caché sous ses vêtements, qui habille sa clavicule et attire le regard. Ses manches sont un voile léger tenu par quelque chose d'un peu bouffant à hauteur de sa poitrine, transparent et pailleté, qui lui caresse la peau avec légèreté. Et les talons qu'elle récupère sont là pour mettre en avant la finesse de sa tenue et de sa personne, les détails qui la pousse vers l'élégance ; comment les paillettes partagent la couleur champagne de ses cheveux, comment ici et là on retrouve des pointes bleues qui rappellent ses yeux ; comment la clarté est évidente, quand elle est associée à elle.

Allie se regarde, s'observe. C'est vrai, elle est magnifique. Elle est, cependant, loin de pouvoir encore attirer le regard autrement que dans une fascination intouchable, inapprochable. Cette réflexion se tait quand elle est face à Dorian, quand on la laisse voir soin aîné, qui allie modernité et mode. Il est, dans une évidence, dans une tenue qui met en avant sa confiance en lui-même, qui montre son excentricité et le fait que cet homme est maître de son propre destin. Elle sourit, s'incline avec toute la politesse d'un temps oublié qu'on lui a appris, pans de sa robe à volants dans sa main. « C'est un honneur, Princesse. » Le ton est taquin, rire évident dans son sourire qui dépasse, qui menace de s'envoler et de laisser sa voix s'échapper. Il est beau, toute son attention braquée sur elle.
Alors pour le contenir, pour éviter de rire aux éclats encore et encore et sans fin - c'est cet amour qui la dévore, pense-t-elle intérieurement - elle tourne sur elle-même, laisse les pans de sa robe se dresser légèrement avant de s'arrêter, adressant un clin d'œil à l'homme qui l'a invité ici.

C'est leur soirée. Leur anniversaire, leur moment.
Même si elle croit voir un ou deux employés avec les yeux qui brillent, fascinés.