TW - Culture du Viol, Harcèlement Sexuel

Bermondsey, c’est ton quartier. Tu t’y sens complètement chez toi depuis que tu as acheté ton appartement, au dernier étage d’un petit immeuble sans ascenseur face à la Tamise. Les dernières années semblent donner raison à ton intuition, il semblerait bien que le coin se gentrifie ! Pas que tu comptes vendre ton bijou, plutôt que tu trouves satisfaction dans la simple pensée que ton investissement gagne en valeur. Pourtant, aujourd’hui, tu ne te ravis ni du chants des oiseaux nocturnes, ni de la tranquillité du fleuve dans ton dos. Les couleurs ont toutes perdu de leur éclat, les lumières sont fades et les gens laids. Le bruit que dégage la foule te donne la nausée. Les rires, lorsqu’ils éclatent, réaniment en toi de vieux démons. Tu n’es clairement pas toi-même ce soir, irascible, amer, rien du Meryl habituel.

L’absurdisme qui règne d’habitude en toi se voit rangé au placard. Son trône vacant ne sait trouver de remplaçant. Tour à tour gravite autour de lui les idées de Cioran, le nihilisme ou ce bon vieux stoïcisme. Ils se battent au pied des marches, sans prouver l'un plus que l'autre leur légitimité à prendre le pouvoir. Morose, tu auras beau l’être, cela ne justifiera en rien ta conduite de ce soir. D’une main lourde, tu pousses la porte d’un nouveau bar branché, sous le pont des voies ferrées. Il n’y a bien que les hipsters pour fréquenter ce genre de lieu insolite. Ce doit être le frisson de l’expérience. Le plafond va-t-il rompre au prochain passage d’un train ? Tu soupires désabusé, prenant place au comptoir sur les coups de vingt-trois heures.

Perfecto de cuir noir, verres de lunettes d’un dégradé rose néon, t-shirt en résille noire, clope au bec. Tu n’as aucun respect pour toi-même ou l’endroit dans lequel tu viens de débarquer. « Un ‘sky. » Exiges-tu, sans un regard pour la personne de l’autre côté du bar.

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Une voix résonne, non loin. Ton attention se dirige vers la source de la nuisance. Une salutation, forcée, une remontrance, superficielle. À quoi bon vouloir te dicter ta conduite, ça n’est quand même pas un… Ton esprit lui-même marque une pause quand ton regard se pose enfin sur le barman, de l’autre côté du comptoir.

Il faut dire que dans une tenue pareille, c’est pratiquement comme s’il suppliait qu’un vrai chasseur prenne soin de lui, de la proie de choix qu’il représente. Ayant perdu toute volonté à te faire antagoniste du sublime garçon, tu soupires. « Puisque c’est si gentiment demandé… » D’un geste désinvolte, tu laisses ton cul de clope glisser dans un verre vide, posé là. Le bruit signature des braises qui se gorgent d’humidité passé, il n’y a qu’un vague trait de fumée pour trahir qu’il y ait jamais eus de clope d’allumée entre ces murs. Si l’on oublie l’odeur de mort qui t’accompagne, bien sûr.

À ta façon, tu t’exécutes, donc. Il n’y a plus qu’à espérer que le damoiseau se réjouisse que tu respectes si gentiment la politique du bar. Loin de toi l’idée de t’attirer ses foudres, à moins que.. Cela soit à son goût ? Un sourire carnassier décore ton minois émacié. Ton regard libidineux, glisse contre son corps, comme une main qui le déshabillerait presque. Au-delà de sa vêture, il ne te semblerait pas si mal, en tenue d’Adam. Il ferait bien l’affaire, c’est du moins ce que la voix au fond de ton crâne te raconte.

Si le chagrin d’amour ne justifie aucunement tes actions, tu as viscéralement besoin de te distraire. Il te faut vider ta tête, présentement, la seule chose à laquelle tu puisses penser serait cette voluptueuse compagnie qui s’offre à toi. Pourquoi ne pas noyer tes sombres pensées contre sa jeune chair, joindre l’éducationnel à l’agréable ? Plus en coin, sur ta face, ta satisfaction lubrique s’affiche, tu lui tends une nouvelle perche. « Tu pourrais servir Dxddy, maintenant ? C’est qu’il a besoin d’un remontant… »

Tu viens de te pencher, amusé, de l'autre côté et appui ton geste d'une remarque agréable. « À moins que tu ne préfères résoudre mon problème autrement... »