Depuis plusieurs siècles maintenant, l'existence des surnaturels a été révélée au grand public. Aujourd'hui, en Grande-Bretagne, ils cohabitent avec les humains dans la vie de tous les jours. Des lois et des organismes, ont été créés pour préserver cette paix parfois bousculée par quelques agitateurs. Les Loups-garous et les Vampires, vivant chacun dans leur communauté respective, s'avèrent moins effrayants que ce que l'on peut lire dans les légendes. Mais quelque chose se trame... Un secret tombé dans l'oubli est sur le point d'être découvert.
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Eleanore Aslainding
Les Crocs
Eleanore Aslainding
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Jeu 7 Mar 2024 - 21:49
“J’ai rêvé si longtemps.
Les années sont passées, singulières visions d’or, de larmes et de sang.

Les pages entre mes mains racontent une ancienne histoire, pavée de rires et de pleurs. Après plus d’un siècle pour incinérer les souvenirs, bannie de l’étreinte du soleil, que reste-t’il de la femme sous le drap blanc, et qui pour s’en soucier encore sinon l’âme éthérée ?

Peux-tu croire, vieux compagnon, qu’il est une expérience étonnamment déconcertante de devoir glaner sa voie sous deux mètres de terre, accueillie par la seule la brûlure du soleil et ce monde assourdissant ? Que les premières larmes écarlates tâchent encore ces vieux effets ? Peux-tu croire qu’ils t’ont laissé avec moi, seule compagnie de ce voyage ?
Comme attendu, la pierre tombale de cette jeune marchande n’aura pas donné sa vision des temps. Même le plus brillant des marbres n’a pas rendu justice à la chaleur de son sourire et à la profondeur de ses rêves, jeune âme trop candide qui n’a pas su quand retirer son regard de l’abîme.

L’aspect est resté, maigre consolation d’après ce miroir. La copie est presque parfaite, de l’or des cheveux à l’azur des yeux. Même la voix râpée n'a pas oublié les ‘r’ roulés et ‘l’ doublés de l’ancienne Aberdeen. L’exception est faite de deux crocs aux abords des lèvres et de quelques couleurs m’ayant abandonnées, à tout du moins. Ce carnet dans mes mains semble avoir absorbé le poids des décennies pour moi, pages jaunies et craquelées sous mon toucher. Peut-être m'emmènera- t’il avec lui dans la poussière avec lui lorsqu’il s’effritera enfin.
Les visages au-delà de la fenêtre ont changé, l’air est identique. La fumée des bateaux et de leurs étranges machines forme dès le matin une chape de plomb si épaisse qu’elle semble porteuse de tous les rêves brisés de la nuit. Le souffle de Dieu ne daigne toujours pas vouloir franchir cette barrière maussade, qui dérobe chaque lever de soleil et met fin à l’éternel pugilat de la lumières et des ténèbres. Le brouillard lui-même est si lourd, étouffant, et paraît prendre vie à chaque inspiration, provoquant de piquantes quintes de toux. Finalement, ils n’auront pas fait bien mieux que nous.

L’époque semble avoir changé durant mon sommeil. Les légendes du passé devenues un quotidien pour ces gens, morts paradant aux côtés des vivants, les images du monde dans des boîtes en aciers, parlant de Ruches, de princesses et de Registres. Tout semble plus vif, le souffle du vent dans mes cheveux, le voyage de l’eau, la clameur de la foule, leurs battements de cœur. La Faim.
Dans tant de circonstances différentes cette ville aurait pu réjouir cette pauvre âme. Réjouir son optimiste et sa foi dans le monde, combler son amour des chants et des couleurs vibrantes. Si seulement je n’aspirai plus maintenant qu’à retrouver mes songes et le silence loin de cette animation, noyée dans ces étranges tempêtes.

Je crains que ce vœu pieux se refuse à moi, après deux jours à étouffer dans cet endroit. Nul de ces étrangers en blouse blanche n’a daigné répondre à mes questions, nulle indication sur mon arrivée, seule une étonnante sympathie et une injonction de repos. Tout au moins puis-je me satisfaire que la médecine permette de guérir mes semblables, même si l’incessant battement de ces appareils tend à amoindrir mon humeur, je dois bien l’avouer.
Il semble que l’esprit humain ne soit pas si prompt à s’oublier que le corps, et dans la solitude de cette chambre je ne peux m’empêcher de me rappeler des promesses d’avant. Me rappeler de ma parole pour ce monde, qu’il se souviendra de ma mémoire. Cette foi est toujours là, fil glissé dans le cœur essayant de vous tirer jusqu’à la maison dans ce dédale. Les réponses à ce réveil sont-elles au bout de ce chemin doré, avec l’espoir ténu que ce nouveau monde puisse accueillir cette nouvelle âme.

Les pas se font entendre hors de mon sanctuaire, doux rituel du début de nuit. Étrange comme une routine peut aisément s’imposer, même dans de telles circonstances. J’ai la sensation malgré tout que ces mots ont apaisé mon esprit, au moins pour aujourd’hui, et qu'il est suffisamment d'épandage de mes humeurs pour aujourd’hui.

Une dernière nuit à Soho puis nous partirons.

Au revoir, silencieux compagnon.”

Des mémoires d’Eleanore Aslainding, 10 Janvier 2024

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